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Les ivresses sacrées

Par : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2003. Sujet(s) : Ressources en ligne : Abrégé : Les témoignages religieux font régulièrement état d’un vécu d’élation voire d’ivresse, sentiment d’exaltation et de plénitude indubitables pour qui les a vécus et interprétés comme des moments de contact avec la transcendance. Pour quelle raison ces sensations que l’on pourrait qualifier d’« ivresses sacrées », sont-elles régulièrement présentes, quelque soit la forme de la croyance envisagée ? Comment penser le rapport à la folie de celui qui se dit « fou de Dieu » ? Avons-nous définitivement quitté le sol du rationnel pour entrer dans le subjectivisme impartageable, si ce n’est par l’identification mimétique ? Quels sont les mots qui nous rattachent à ces expériences dont nous n’avons aucune raison de mettre en doute l’existence et les contenus, même si nous ne les avons jamais éprouvés nous-mêmes ? Cet article s’articule autour de l’hypothèse que l’une des plus importantes sources du besoin de croire n’est ni la culpabilité à l’égard du père, ni le désir d’être protégé par lui, mais le besoin d’établir une contre-force opposable à la mélancolie, née de la perte des illusions à la fois sur l’omnipotence narcissique infantile et sur les capacités parentales de réaliser un tel idéal. Contre-force et non mécanisme de défense, car c’est plutôt en termes de dérivation pulsionnelle sublimatoire qu’il faudrait la penser. Mais pas au sens d’une réalisation pulsionnelle amoindrie, affaiblie par rapport à ce que serait une réalisation directe car les ivresses sacrées, ou les ivresses sublimées, ont au contraire une intensité extrême. Cependant, au lieu d’apporter une satisfaction, elles mettent le sujet hors de lui-même au point de lui faire penser qu’il est possédé par une force étrangère, qu’il a néanmoins appelée et attendue. La question de savoir s’il s’agit effectivement d’une rencontre avec le divin ou d’un délire ne fait pas sens ici et, comme avec le discours d’un patient, il faut renoncer à chercher le sens ailleurs que dans le discours lui-même car, qu’il s’agisse des dieux des religions ou même de l’enthousiasme que suscite le Logos, aucune validation extérieure, autre que le vécu du sujet lui-même et sa capacité à l’élaborer, à en faire part, ne peut être trouvée.Abrégé : Religious Drunkenness Those that have experienced religious ecstasy often report that they were in a state of elation close to drunkenness, a feeling of exaltation and plenitude so strong that they are interpreted as moments of transcendence. Why, though, are these sensations, that we could term moments of “sacred drunkenness” always present, whatever the form of religion ? How can we envisage the madness of those that call themselves “mad about God” ? Do we say goodbye to rational, down-to-earth thinking definitively here and enter into the realm of a subjectivism, a realm that we cannot share in or only identify with through imitation ? What words can we use to describe these experiences, for we have no reason to doubt their existence and their content, even if we have never experienced them ourselves ? This article is based on the hypothesis that one of the most important sources in the need to believe is neither guilt concerning the father figure nor the desire to be protected by him, but the desire to establish a counter-force to oppose the feelings of melancholy that are born from the loss of illusions of narcissistic infantile omnipotence and the parental capacities of reaching such an ideal. I say counter-force and not defence mechanism, for it is in terms rather of sublimatory drive derivation that we should be thinking and not as if the drives were weakened or lesser than if directly expressed, because states of religious drunkenness, or sublimated drunkenness, are, on the contrary, extremely intense. However, instead of bringing a feeling of satisfaction, they lift the subject out of himself to the point that the person often thinks they are possessed by a strange force, although that person did call upon and welcome that force. The question of whether in such trances the person does really encounter the Divine or if they are only delirious is of no importance, since, in any patient’s discourse, we do not look for meaning anywhere other than in the discourse itself, for, whether we be dealing with the gods of different religions or the same enthusiasm that Logos can arouse in us, any exterior endorsement, any other lived experience other than that of the subject himself and his capacity to elaborate on these experiences, to share them, cannot be found.
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Les témoignages religieux font régulièrement état d’un vécu d’élation voire d’ivresse, sentiment d’exaltation et de plénitude indubitables pour qui les a vécus et interprétés comme des moments de contact avec la transcendance. Pour quelle raison ces sensations que l’on pourrait qualifier d’« ivresses sacrées », sont-elles régulièrement présentes, quelque soit la forme de la croyance envisagée ? Comment penser le rapport à la folie de celui qui se dit « fou de Dieu » ? Avons-nous définitivement quitté le sol du rationnel pour entrer dans le subjectivisme impartageable, si ce n’est par l’identification mimétique ? Quels sont les mots qui nous rattachent à ces expériences dont nous n’avons aucune raison de mettre en doute l’existence et les contenus, même si nous ne les avons jamais éprouvés nous-mêmes ? Cet article s’articule autour de l’hypothèse que l’une des plus importantes sources du besoin de croire n’est ni la culpabilité à l’égard du père, ni le désir d’être protégé par lui, mais le besoin d’établir une contre-force opposable à la mélancolie, née de la perte des illusions à la fois sur l’omnipotence narcissique infantile et sur les capacités parentales de réaliser un tel idéal. Contre-force et non mécanisme de défense, car c’est plutôt en termes de dérivation pulsionnelle sublimatoire qu’il faudrait la penser. Mais pas au sens d’une réalisation pulsionnelle amoindrie, affaiblie par rapport à ce que serait une réalisation directe car les ivresses sacrées, ou les ivresses sublimées, ont au contraire une intensité extrême. Cependant, au lieu d’apporter une satisfaction, elles mettent le sujet hors de lui-même au point de lui faire penser qu’il est possédé par une force étrangère, qu’il a néanmoins appelée et attendue. La question de savoir s’il s’agit effectivement d’une rencontre avec le divin ou d’un délire ne fait pas sens ici et, comme avec le discours d’un patient, il faut renoncer à chercher le sens ailleurs que dans le discours lui-même car, qu’il s’agisse des dieux des religions ou même de l’enthousiasme que suscite le Logos, aucune validation extérieure, autre que le vécu du sujet lui-même et sa capacité à l’élaborer, à en faire part, ne peut être trouvée.

Religious Drunkenness Those that have experienced religious ecstasy often report that they were in a state of elation close to drunkenness, a feeling of exaltation and plenitude so strong that they are interpreted as moments of transcendence. Why, though, are these sensations, that we could term moments of “sacred drunkenness” always present, whatever the form of religion ? How can we envisage the madness of those that call themselves “mad about God” ? Do we say goodbye to rational, down-to-earth thinking definitively here and enter into the realm of a subjectivism, a realm that we cannot share in or only identify with through imitation ? What words can we use to describe these experiences, for we have no reason to doubt their existence and their content, even if we have never experienced them ourselves ? This article is based on the hypothesis that one of the most important sources in the need to believe is neither guilt concerning the father figure nor the desire to be protected by him, but the desire to establish a counter-force to oppose the feelings of melancholy that are born from the loss of illusions of narcissistic infantile omnipotence and the parental capacities of reaching such an ideal. I say counter-force and not defence mechanism, for it is in terms rather of sublimatory drive derivation that we should be thinking and not as if the drives were weakened or lesser than if directly expressed, because states of religious drunkenness, or sublimated drunkenness, are, on the contrary, extremely intense. However, instead of bringing a feeling of satisfaction, they lift the subject out of himself to the point that the person often thinks they are possessed by a strange force, although that person did call upon and welcome that force. The question of whether in such trances the person does really encounter the Divine or if they are only delirious is of no importance, since, in any patient’s discourse, we do not look for meaning anywhere other than in the discourse itself, for, whether we be dealing with the gods of different religions or the same enthusiasm that Logos can arouse in us, any exterior endorsement, any other lived experience other than that of the subject himself and his capacity to elaborate on these experiences, to share them, cannot be found.

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