Métamorphoses du discours managérial : de la « culture » à l’esprit d’entreprise
Type de matériel :
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Cet article propose de traiter le discours managérial qui insiste sur l’aspect « humain » et subjectif de la relation de travail en tant que « discours en trop », c’est-à-dire, à la suite de Michel Foucault, comme discours qui vise à accompagner le sujet dans la subjectivation d’un code de conduite correspondant aux transformations postfordistes de l’organisation du travail et de l’entreprise. Dans un premier temps, nous abordons ce discours en tant que matrice du dernier grand mythe managérial de l’entreprise comme institution, unité clôturée et espace séparé du marché : la « culture d’entreprise ». Ensuite, en reconsidérant sous l’angle critique la notion managériale de « contrat psychologique », nous resituons le discours managérial dans les pratiques de démultiplication sociale de l’« esprit d’entreprise », correspondant à l’explosion de l’entreprise-institution et l’avènement de l’entreprise nœud de contrats et de compétences : c’est le royaume de l’autoentrepreneuriat en tant que forme de la subjectivité. En conclusion, à partir du cas d’étude des « coopératives d’activité et d’emploi », nous approchons la question de la résistance au discours managérial sous la forme d’une appropriation de certains « éléments de langage » de ce même discours, en le combinant dans des ensembles significatifs différents, et capable peut-être de dessiner une stratégie de subversion de l’esprit d’entreprise et de ce « moi-investisseur » qui caractérise l’entrepreneur de soi néolibéral.
This article aims to critically consider the managerial discourse concerning the « human » and subjective aspect of the labour relationship as « discours en trop » (« redundant discourse »), i. e., following Michel Foucault, a discourse aiming to accompany the subject in the subjectification of a conduct code corresponding to post-Fordist transformations in work organization and corporations. First, we approach this discourse as a matrix of the last great managerial myth of the firm as institution, closed unit and separate space from the market : the « corporate culture ». Then, by critically reconsidering the managerial notion of « psychological contract », we reframe the managerial discourse within the practices of social multiplication of the « Entrepreneurial Spirit », corresponding to the explosion of the firm-institution and the advent of the firm as a nexus of contracts and skills: it is the kingdom of self-entrepreneurship as a form of subjectivity. In conclusion, basing on the case study of « coopératives d’activité et d’emploi » (activity and employment cooperatives), we approach the question of the resistance to the managerial discourse in the form of an appropriation of certain « language elements » of this same discourse, by combining them in different significant sets, in order to draw a strategy for subverting the « investor-self » characterizing the neoliberal self-entrepreneurship.
Este artículo propone tratar el discurso gerencial que insiste sobre el aspecto « humano » y subjetivo de la relación de trabajo en tanto « discours en trop » (discurso redundante), o sea, siguiendo a Michel Foucault, como discurso que busca acompañar al sujeto en la subjetivación de un código de conducta correspondiente a las transformaciones posfordistas de la organización del trabajo y de la empresa. En un primer momento, abordaremos este discurso como matriz del último gran mito gerencial de la empresa como institución, unidad cerrada y espacio separado del mercado: la « cultura de empresa ». Luego, reconsiderando críticamente la noción gerencial de « contrato psicológico », reubicaremos el discurso gerencial en las prácticas de multiplicación social y del « espíritu de empresa », correspondiente a la explosión de la empresa-institución y el advenimiento de la empresa nudo de contratos y competencias: es el reino del autónomo emprendedor en tanto forma de subjetividad. A modo de conclusión, a partir de un caso de « cooperativas de actividad y de empleo », nos acercamos a la cuestión de la resistencia al discurso gerencial bajo la forma de una apropiación de algunos « elementos de lenguaje » de esos mismos discursos, combinando en conjuntos significativos diferentes, y capaz de tomar forma de estrategia de subversión del espíritu de empresa y de ese « yo-inversor » que caracteriza al emprendedor de sí mismo neoliberal.
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