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Exploité le plus souvent dans la littérature et le cinéma, mais aussi expérience parfois réelle, le jeu de la roulette russe fascine l’observateur en ce qu’il offre au regard une expérience de toute puissance et touche aux fantasmes les plus archaïques. La roulette russe rassemble en un cliché, un instantané, toutes les composantes du dépassement que la notion de risque implique. Les limites qu’il s’agit de franchir pour le risqueur peuvent se circonscrire autour des grands thèmes faisant énigme à l’humanité, c’est-à-dire la mort et la sexualité. C’est ainsi que nous sommes invités à rapprocher cette expérience de la psychopathologie par le truchement de la mélancolie et de la perversion. Ce jeu peut tout autant être compris comme une forme prototypique du risque, tant la mise en danger auquel il donne lieu ne se justifie d’aucun mouvement sublimatoire. Comprendre l’enjeu de la roulette russe éclaire ainsi la clinique du risque, mais aussi ses formes plus éloignées telles qu’elles peuvent apparaître dans la clinique des addictions.

A common source of inspiration in both literature and cinema, but also played by some for real, our fascination with Russian roulette lies in the vision of omnipotence it offers to the spectator’s gaze, drawing on our most deeply archaic fantasies. In a split second, it concentrates the multiple constituents of exceedance, central to the notion of risk-taking. The limits the risk-taker transgresses are intimately linked with the main enigmas we face as humans – death and sex. Russian roulette in this light has all the characteristics of a psychopathology, with its melancholy and perversion, but may also be considered as a prototype of risk-taking, as the danger it incurs has no sublimatory driving force behind it. Understanding the stakes at play in Russian roulette has much to teach us for our clinical understanding of risk-taking and that of addiction more generally.