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L’article présent laisse transparaître deux faces du sacrifice. Dans la religion judéo-chrétienne et dans les mythes, le sacrifice a une utilité et va dans le sens freudien du renoncement qui permet la cohésion du groupe et la continuité du lien social. À l’inverse, dans le mythe de Médée, tel qu’il a été repris par Euripide, le sacrifice va dans le sens de la rupture du lien, n’a d’utilité que sur l’instant même, dans l’immédiateté. Médée nous révèle un autre monde, pré-mythique, pré-religieux. C’est dans cette logique de sacrifice sans substitution, en pure perte, que s’inscrivent aussi les crimes des mères infanticides contemporaines. Ces mères meurtrières ont comme une religion privée et pour différentes raisons arrivent au passage à l’acte infanticide.

Infanticidal Sacrifices. The present article seeks to highlight the dual nature of sacrifice. While within Judeo-Christian tradition and Greek mythology the utility of sacrifice may be construed in terms of the Freudian theory of drive renunciation underlying social cohesion and the continuity of the social bond, within the context of the myth of Medea, as related by the tragic poet Euripides, it results in the breaking of the social bond and its utility is limited to the immediate moment. Medea sheds light on a pre-mythic, pre-religious world. The acts of infanticidal mothers today fit into the latter theoretical logic of a sacrifice without substitution, a sacrifice of pure loss. The infanticidal acting-out of these mothers can be seen as the expression of a form of private religion pertaining only to them.