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Statistiques ethniques : tabous et boutades

Par : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2009. Ressources en ligne : Abrégé : RésuméLes tabous statistiques existent depuis toujours mais diffèrent selon les pays et les époques. En France, la polémique autour des statistiques dites « ethniques » est particulièrement intense. Ravivés notamment à l’occasion de la mise en place concrète d’une enquête de l’Ined, « Trajectoires et origines » ( te o) sur les parcours de vie des immigrés et enfants d’immigrés, les débats sur cette question ont aussi rebondi face à la loi préparée par le ministre en charge de l’immigration et sont toujours très âpres. D’un côté, on trouve les convaincus du fait que mesurer et identifier les origines permettrait de mettre en évidence les discriminations et de lutter contre les inégalités de traitement liées à ces différences (éventuellement dans une logique d’encouragement à la discrimination positive). De l’autre, ceux qui perçoivent l’identification « ethno-raciale » comme contradictoire avec le principe républicain d’indifférenciation, mettent en avant le risque, en banalisant une vision ethnique de la société, de renforcer les stéréotypes racistes, aux dépens d’une analyse approfondie des inégalités sociales. Les catégories statistiques sont toujours des constructions sociales, particulièrement difficiles lorsqu’il s’agit de critères physiques et personnels aux frontières aussi floues et discutables que l’ethnie et/ou la couleur de peau. Peut-on poser n’importe quelle question dans une enquête statistique ? C’est un peu comme le dilemme des humoristes : peut-on rire de tout ?Abrégé : Statistical taboos have always existed, but vary according to the country and the time. In France, the controversy around so-called “ethnical” statistics is particularly intense. Revived by the set-up of a study by the Ined, “trajectories and origins”, about life paths of immigrants and immigrants’ children, debates also gained strength as a law was prepared by the ministry in charge of immigration and became very harsh. On the one hand, some are persuaded that measuring and identifying origins would reveal discriminations and enable to fight unequal treatment linked to these differences (eventually by encouraging positive discrimination). On the other hand, some perceive “ethno-racial” identification to be contrary to the Republican principle of non-discrimination. They highlight the risk of reinforcing racist stereotypes by presenting an ethnical vision of society as banal. Such an approach would furthermore play against an in-depth analysis of social inequalities. Statistical categories remain social constructions that are particularly difficult when it comes to physical or personal criteria, as blurred and disputable as ethnic origin and/or color of skin. Can any question be asked in a statistical enquiry? This is similar to the humorists’ dilemma: can one laugh about everything?Abrégé : ResumenLos tabúes estadísticos existen desde siempre pero difieren según los países y las épocas. En Francia, la polémica en torno a las estadísticas llamadas “étnicas” es muy intensa. Reavivados en ocasión de la realización concreta de una encuesta del Ined (Instituto Nacional de estudios Demográficos), “Trayectorias y orígenes” sobre los recorridos de vida de los emigrantes e hijos de emigrantes, los debates sobre este tema también rebotaron con la ley preparada por el ministro encargado de la emigración, y siguen siendo muy ásperos. Por un lado, se encuentran los que están convencidos de que medir e identificar los orígenes permitiría evidenciar las discriminaciones y luchar contra las desigualdades de trato relacionadas con dichas diferencias (eventualmente con una lógica de estímulo de la discriminación positiva). Por otro, los que perciben la identificación « etno-racial » como contradictoria con el principio republicano de indiferenciación, hacen hincapié en el riesgo, con una banalización de una visión étnica de la sociedad, de reforzar los estereotipos racistas, a expensas de un análisis profundizado de las desigualdades sociales. Las categorías estadísticas siempre son construcciones sociales, particularmente difíciles cuando se trata de criterios físicos y personales con fronteras tan borrosas y discutibles como la etnia o el color de la piel. ¿Se puede hacer cualquier pregunta en una encuesta estadística ? Esto se parece al dilema de los humoristas : ¿ es posible reírse de todo ?Abrégé : ZusammenfassungStatistische Tabus haben schon immer existiert, variieren jedoch nach Land und Epoche. Die Polemik über « ethnische » Statistiken ist in Frankreich besonders intensiv. Die schon immer heftige Debatte über diese Fragestellung wurde neu angeheizt durch die Realisierung einer statistischen Umfrage der Ined (Institut National des études démographiques) über die « Laufbahnen und Herkünfte » von Immigranten und ihrer Nachkommen, sowie durch eine neue Gesetzesvorlage des Innenministeriums. Es stehen sich auf der einen Seite die Vertreter der Identifikation und Messung der Herkunft als Mittel zur Reduktion von Diskriminierungen (evtl. mit Hinblick auf eine positive Diskriminierung) und auf der anderen die Gegner dieser Sichtweise gegenüber, welche eine « ethnisch-rassische » Identifizierung als konträr zum republikanischen Prinzip der Nichtunterscheidung einschätzen und vor dem Risiko einer Banalisierung einer ethnischen Gesellschaft warnen als Weg zur Verstärkung von rassistischen Vorurteilen, die eine grundlegendere Untersuchung von sozialen Unterschieden verhindert. Statistische Kategorien sind immer soziale Konstrukte, die besonders kompliziert zu handhaben sind sobald es sich um physische und persönliche Kriterien handelt, deren Definition so unklar und wage ist wie die ethnische Herkunft oder die Hautfarbe. Ist es möglich jede Art von Frage in einer statistischen Umfrage zu stellen, oder handelt es sich um dasselbe Dilemma welches Humoristen zu lösen haben – ist es möglich alles ins Komische zu ziehen?
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RésuméLes tabous statistiques existent depuis toujours mais diffèrent selon les pays et les époques. En France, la polémique autour des statistiques dites « ethniques » est particulièrement intense. Ravivés notamment à l’occasion de la mise en place concrète d’une enquête de l’Ined, « Trajectoires et origines » ( te o) sur les parcours de vie des immigrés et enfants d’immigrés, les débats sur cette question ont aussi rebondi face à la loi préparée par le ministre en charge de l’immigration et sont toujours très âpres. D’un côté, on trouve les convaincus du fait que mesurer et identifier les origines permettrait de mettre en évidence les discriminations et de lutter contre les inégalités de traitement liées à ces différences (éventuellement dans une logique d’encouragement à la discrimination positive). De l’autre, ceux qui perçoivent l’identification « ethno-raciale » comme contradictoire avec le principe républicain d’indifférenciation, mettent en avant le risque, en banalisant une vision ethnique de la société, de renforcer les stéréotypes racistes, aux dépens d’une analyse approfondie des inégalités sociales. Les catégories statistiques sont toujours des constructions sociales, particulièrement difficiles lorsqu’il s’agit de critères physiques et personnels aux frontières aussi floues et discutables que l’ethnie et/ou la couleur de peau. Peut-on poser n’importe quelle question dans une enquête statistique ? C’est un peu comme le dilemme des humoristes : peut-on rire de tout ?

Statistical taboos have always existed, but vary according to the country and the time. In France, the controversy around so-called “ethnical” statistics is particularly intense. Revived by the set-up of a study by the Ined, “trajectories and origins”, about life paths of immigrants and immigrants’ children, debates also gained strength as a law was prepared by the ministry in charge of immigration and became very harsh. On the one hand, some are persuaded that measuring and identifying origins would reveal discriminations and enable to fight unequal treatment linked to these differences (eventually by encouraging positive discrimination). On the other hand, some perceive “ethno-racial” identification to be contrary to the Republican principle of non-discrimination. They highlight the risk of reinforcing racist stereotypes by presenting an ethnical vision of society as banal. Such an approach would furthermore play against an in-depth analysis of social inequalities. Statistical categories remain social constructions that are particularly difficult when it comes to physical or personal criteria, as blurred and disputable as ethnic origin and/or color of skin. Can any question be asked in a statistical enquiry? This is similar to the humorists’ dilemma: can one laugh about everything?

ResumenLos tabúes estadísticos existen desde siempre pero difieren según los países y las épocas. En Francia, la polémica en torno a las estadísticas llamadas “étnicas” es muy intensa. Reavivados en ocasión de la realización concreta de una encuesta del Ined (Instituto Nacional de estudios Demográficos), “Trayectorias y orígenes” sobre los recorridos de vida de los emigrantes e hijos de emigrantes, los debates sobre este tema también rebotaron con la ley preparada por el ministro encargado de la emigración, y siguen siendo muy ásperos. Por un lado, se encuentran los que están convencidos de que medir e identificar los orígenes permitiría evidenciar las discriminaciones y luchar contra las desigualdades de trato relacionadas con dichas diferencias (eventualmente con una lógica de estímulo de la discriminación positiva). Por otro, los que perciben la identificación « etno-racial » como contradictoria con el principio republicano de indiferenciación, hacen hincapié en el riesgo, con una banalización de una visión étnica de la sociedad, de reforzar los estereotipos racistas, a expensas de un análisis profundizado de las desigualdades sociales. Las categorías estadísticas siempre son construcciones sociales, particularmente difíciles cuando se trata de criterios físicos y personales con fronteras tan borrosas y discutibles como la etnia o el color de la piel. ¿Se puede hacer cualquier pregunta en una encuesta estadística ? Esto se parece al dilema de los humoristas : ¿ es posible reírse de todo ?

ZusammenfassungStatistische Tabus haben schon immer existiert, variieren jedoch nach Land und Epoche. Die Polemik über « ethnische » Statistiken ist in Frankreich besonders intensiv. Die schon immer heftige Debatte über diese Fragestellung wurde neu angeheizt durch die Realisierung einer statistischen Umfrage der Ined (Institut National des études démographiques) über die « Laufbahnen und Herkünfte » von Immigranten und ihrer Nachkommen, sowie durch eine neue Gesetzesvorlage des Innenministeriums. Es stehen sich auf der einen Seite die Vertreter der Identifikation und Messung der Herkunft als Mittel zur Reduktion von Diskriminierungen (evtl. mit Hinblick auf eine positive Diskriminierung) und auf der anderen die Gegner dieser Sichtweise gegenüber, welche eine « ethnisch-rassische » Identifizierung als konträr zum republikanischen Prinzip der Nichtunterscheidung einschätzen und vor dem Risiko einer Banalisierung einer ethnischen Gesellschaft warnen als Weg zur Verstärkung von rassistischen Vorurteilen, die eine grundlegendere Untersuchung von sozialen Unterschieden verhindert. Statistische Kategorien sind immer soziale Konstrukte, die besonders kompliziert zu handhaben sind sobald es sich um physische und persönliche Kriterien handelt, deren Definition so unklar und wage ist wie die ethnische Herkunft oder die Hautfarbe. Ist es möglich jede Art von Frage in einer statistischen Umfrage zu stellen, oder handelt es sich um dasselbe Dilemma welches Humoristen zu lösen haben – ist es möglich alles ins Komische zu ziehen?

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