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Le développement sur les interfaces numériques des possibilités nouvelles que la délinéarisation des produits audiovisuels offrait aux spectateurs s’est rapidement accompagné d’un phénomène de réintermédiation technique, le plus souvent porté par des méthodes marketing agressives, sous la forme de pratiques de recommandation articulées à des logiques algorithmiques. Le (télé) spectateur devenait ainsi son propre programmateur, tout en s’enfermant dans des cheminements d’individuation de l’offre l’appelant à renouveler sans cesse les mêmes typologies d’expériences. Cet environnement, conçu et valorisé par les acteurs intégrés, s’est vu au cours des dernières années travaillé par des acteurs issus de la sphère cinéphile, qui ont cherché à adapter ces nouvelles logiques de mise à disposition pour emmener le spectateur vers des pratiques de visionnement plus respectueuses des valeurs fondatrices du modèle de médiation cinéphile, qui passe, entre autres, par l’introduction des éléments suivants : proposition d’une offre sélectionnée/ réintroduction d’une temporalité de la découverte/mise en place de dispositifs d’accompagnement de la découverte/appel à un élargissement de la découverte… Ce nouveau type de proposition, entièrement lié à la réintroduction d’un tiers symbolisant incarné dans le rituel médiationnel, entend affirmer la nécessité de prendre les usagers de ces nouvelles modalités de visionnement par la main, afin de le guider vers des œuvres originales, pas forcément connues, mais distinguées pour leurs qualités artistiques, tout en l’accompagnant dans la construction d’une culture cinéphile personnelle et partagée. Sur la base d’une analyse d’un corpus de plates-formes cinéphiles et d’entretiens menés avec leurs animateurs, nous tentons dans cet article de mettre en évidence la façon dont est pensé le cheminement du spectateur par les acteurs numériques cinéphiles.