36

Le cinéma, depuis ses débuts, a acquis des techniques dont on pourrait dire qu’elles ont sans cesse réduit la part de la performance pour transformer le film en un système de notation dont le numérique représente l’aboutissement. Durant tout le xxe siècle, les variations de l’œuvre sont du côté de l’auteur ou de l’exécution de l’œuvre. Avec le numérique, le spectateur peut agir à la fois sur la matérialité du film et sur le récit, ce qui amène à définir le cinéma comme un cinéma de l’interaction, post-cinéma qu’on peine à distinguer de la post-télévision, comme le montre cet article à partir de l’analyse de Bandersnatch, dernière manifestation de la série Black Mirror. Que devient le spectateur dans ce contexte ? Les termes de « spectacteur » ou d’« interacteur » ont été avancé. Ils laissent dans l’ombre la relation avec le concepteur-programmateur ou ce qu’il faut bien appeler l’auteur. En s’appuyant sur l’étude précise et détaillée des choix proposés à l’usager et des parcours narratifs qu’il peut accomplir en interagissant avec Bandersnatch, on met en lumière les limites de sa liberté, qui s’apparente finalement à celle de l’interprète d’œuvres musicales contemporaines comme celle de Boulez.