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RésuméObjet d’étude longtemps négligé par les sociologues et les historiens, le cinéma a surtout fait l’objet d’analyses filmiques qui ont négligé les études sur le public et, surtout, mésestimé le rôle joué par les spectateurs ordinaires dans la construction de la qualité cinématographique. L’organisation des consommateurs par des associations, des mouvement, des institutions ou des partis — avant-garde artistique, ciné-clubs, cercles de discussions, offices laïques, ligues de familles, syndicats et partis ouvriers, Église catholique – qui entendent peser directement et consciemment sur la production et la distribution cinématographique pour l’orienter dans un sens conforme à leurs intérêts, représente pourtant une dimension fondamentale de l’histoire du cinéma en France. Le dispositif d’identification systématique des films et d’évaluation de leur valeur morale, initiée par l’Église à la fin des années 1920 mérite une attention particulière. Les variations de ses prescriptions — en fonction des types de salles, des types de sorties (matinées, soirées, semaine ou week-end), des particularités régionales, religieuses et culturelles — et, surtout, son évolution significative – les prescriptions artistiques l’emportant progressivement sur les prescriptions morales — du fait des transformations sociales et de l’évolution des comportements cinématographiques, en font un terrain d’observation intéressant des outils d’expertise et de construction de la qualité cinématographique mobilisées par les spectateurs ordinaires. Le service rendu par ce dispositif et le savoir qu’il a permis d’accumuler ont préparé la création et la stabilisation d’une institution culturelle incontournable en France : la revue Télérama. Du fait de son caractère organisé et de sa pérennité, le dispositif créé par la Centrale catholique du Cinéma et de la Radio représente un cas unique de consumérisme cinématographique.

The making of a cultural valuation system : les Fiches du CinémaRather neglected by French sociologists and historians, the cinema in France has been mostly explored by specialists of film studies, Reluctant towards the implications of film industry and mass culture, they have usually misjudged the role played by ordinary filmgoers in the history of the art of the film, in the technical and ethical codification of the quality of the films. In France, the organization of the consumers by various associations, movements, institutions and parties (artistic avant-garde, “ciné-clubs”, Parisian circles, confessional and republican leagues, Communist Party, Catholic Church) aiming to shape and direct the film production and consumption according to their own interest, is a very important aspect of the artistic history of the cinema. In this matter, the system of technical identification and moral valuation of all the films released each year on the French territory implemented by the French Catholic Church at the end of the 20s is of peculiar interest. Its instructions (for consumers and theatre managers) have been progressively adapted to fit the various types of theatres, film goings, and local traditions. Most of all, the criteria of valuation has slowly changed with the years, giving much more place to the artistic valuation of the film than to its moral qualification, in accordance with the expectations of consumers more and more experienced. Thus, it is a means to observe the different tools used by the ordinary consumer to anticipate the quality of the films, and the ways this ordinary consumer build his own expertise. The utility of the system invented by the Catholic Church and the cinematic knowledge that it has produced have lead to the creation of a very famous cultural magazine, now completely independent of the Catholic Church, Télérama. Due to its scale and its success, the system implemented by the French Catholic Church is a unique case of film consumerism.