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Des robes nuptiales sans noces

Par : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2023. Sujet(s) : Ressources en ligne : Abrégé : Les Nanaï habitent dans la région de l’Amour, à l’Extrême-Orient de la Sibérie, en Russie. Selon les règles d’échanges asymétriques qui régissaient les mariages, en quittant le village paternel, les mariées se séparaient de la protection des esprits du clan de leur père pour se placer sous la protection de ceux de leurs futurs époux. Lors du voyage effectué le jour de la noce, les mariées étaient considérées comme particulièrement vulnérables, car elles ne bénéficiaient plus de la protection d’aucun esprit, et la robe nuptiale permettait de leur apporter une protection sous la forme de broderies. Les mariages nanaï ont été interdits pendant la période soviétique et les mariées ne portent plus cette robe brodée. L’abandon de ces rites n’a pas conduit à la disparition de cet assemblage matériel, au contraire, son efficacité est réinvestie dans d’autres domaines. Les brodeuses gardent cette robe pour leurs propres funérailles et l’arbre de vie brodé dessus est entré dans le discours patrimonial. Étudier cette robe permet d’appréhender son efficacité rituelle et son utilité aujourd’hui, sans les noces, mais aussi d’ouvrir la recherche sur les brodeuses, dont le savoir-faire est condensé dans ces robes. En présentant un corpus de photographies issues d’enquêtes menées entre 2011 et 2015, je me propose de montrer à la fois la complexité de la technicité nanaï ainsi que le lien intime entre matérialité et système de pensée.Abrégé : The Nanaï live in the Amur region, in the Siberian Far East in Russia. According to the rules of asymmetrical exchanges which applied to marriages, when they left their father’s village, brides would also leave the protection of their father’s clan spirits for their husband’s. During the voyage undertaken the day of the wedding, brides were considered as particularly vulnerable, as they no longer received protection from any spirit. That day, women were dependent on the protections embroidered on their wedding dress. Nanaï weddings have been forbidden since the Soviet era, and brides no longer wear this embroidered dress. The abandonment of the wedding rituals has not led to the disappearance of these material fabrications. On the contrary, their efficiency is reinvested into other domains. Embroiderers keep the dresses for their own funerals and the tree of life embroidered on it has entered heritage discourses. Examining this dress enables us to interrogate this ritual efficiency and its relevance today without weddings, but also to examine the role of the embroiderers, whose expertise is condensed on these dresses. Through the presentation of a corpus of photographs taken during fieldwork investigations conducted between 2011 and 2015, I hope to shed light on the complexity of the Nanaï technicity and on the intimate bond between the materiality and the system of thought.
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Les Nanaï habitent dans la région de l’Amour, à l’Extrême-Orient de la Sibérie, en Russie. Selon les règles d’échanges asymétriques qui régissaient les mariages, en quittant le village paternel, les mariées se séparaient de la protection des esprits du clan de leur père pour se placer sous la protection de ceux de leurs futurs époux. Lors du voyage effectué le jour de la noce, les mariées étaient considérées comme particulièrement vulnérables, car elles ne bénéficiaient plus de la protection d’aucun esprit, et la robe nuptiale permettait de leur apporter une protection sous la forme de broderies. Les mariages nanaï ont été interdits pendant la période soviétique et les mariées ne portent plus cette robe brodée. L’abandon de ces rites n’a pas conduit à la disparition de cet assemblage matériel, au contraire, son efficacité est réinvestie dans d’autres domaines. Les brodeuses gardent cette robe pour leurs propres funérailles et l’arbre de vie brodé dessus est entré dans le discours patrimonial. Étudier cette robe permet d’appréhender son efficacité rituelle et son utilité aujourd’hui, sans les noces, mais aussi d’ouvrir la recherche sur les brodeuses, dont le savoir-faire est condensé dans ces robes. En présentant un corpus de photographies issues d’enquêtes menées entre 2011 et 2015, je me propose de montrer à la fois la complexité de la technicité nanaï ainsi que le lien intime entre matérialité et système de pensée.

The Nanaï live in the Amur region, in the Siberian Far East in Russia. According to the rules of asymmetrical exchanges which applied to marriages, when they left their father’s village, brides would also leave the protection of their father’s clan spirits for their husband’s. During the voyage undertaken the day of the wedding, brides were considered as particularly vulnerable, as they no longer received protection from any spirit. That day, women were dependent on the protections embroidered on their wedding dress. Nanaï weddings have been forbidden since the Soviet era, and brides no longer wear this embroidered dress. The abandonment of the wedding rituals has not led to the disappearance of these material fabrications. On the contrary, their efficiency is reinvested into other domains. Embroiderers keep the dresses for their own funerals and the tree of life embroidered on it has entered heritage discourses. Examining this dress enables us to interrogate this ritual efficiency and its relevance today without weddings, but also to examine the role of the embroiderers, whose expertise is condensed on these dresses. Through the presentation of a corpus of photographs taken during fieldwork investigations conducted between 2011 and 2015, I hope to shed light on the complexity of the Nanaï technicity and on the intimate bond between the materiality and the system of thought.

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