Surugue, Pascale

Groupes de parole et cancers du sein : une expérience de sept ans - 2008.


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RésuméObjectif : Étude prospective, exploratoire, longitudinale sur sept ans de groupes de parole chez 36 femmes atteintes de cancers du sein à tous les stades de la maladie. Cette étude porte sur le rôle du vécu du cancer dans son évolution.Méthodologie : Il s’agit de deux groupes de parole semi-ouverts, hétérogènes et sans engagement, pour initier un dialogue autour du cancer du sein qui devient alors invitation à un travail psychique par et dans la relation à autrui. La vérité subjective de la malade est mise en lien avec la réalité objective médicale. Le recueil des données synthétise les compte rendus des séances mensuelles des groupes de parole, des consultations médicales de surveillance du cancer et des entretiens psychologiques approfondis individuels.Résultats : L’analyse conduit à distinguer trois catégories de vécus. Pour six femmes, le cancer est apparu comme un « événement révélateur de sens ». Elles ont transformé cette épreuve en une expérience. Leur pronostic est amélioré par rapport aux données statistiques. Pour quatorze femmes, le cancer est devenu « le point de départ d’une demande », une souffrance, souvent méconnue d’elles-mêmes, a pu se dire et elles s’autorisent ainsi parfois à actualiser un potentiel et à le réaliser. L’évolution médicale de celles qui sont en situation métastatique est freinée par rapport aux données statistiques. Pour seize femmes, le cancer reste « un accident à oublier ».Conclusions : Des groupes de parole proposés à des femmes atteintes d’un cancer du sein peut leur permettre de retrouver des repères et de replacer le cancer dans leur histoire présente et passée. Ce travail psychique favorise une cohérence interne et permet surtout, aux femmes, à travers une souffrance apparemment exclusivement organique, de dire quelque chose qui dépasse les problèmes organiques du cancer du sein. Ce travail psychique semble alors avoir un pouvoir réorganisateur entre les instances psychiques décrites par Freud. La capacité à supporter et à traiter les conflits psychiques intervient dans le processus de guérison du corps érogène, le corps habité et vécu de façon affective qui participe à l’univers symbolique, ce qui semble faciliter la réparation du corps biologique. Ce travail psychothérapique psychanalytique de groupe souligne l’intérêt pour le cancérologue de considérer cette double réalité du corps propre et du corps symbolique, les traitements en effet semblent d’autant plus efficaces que les besoins spécifiques de chacune sont compris et pris en compte dans le protocole de soins. Purpose : prospective, exploratory, longitudinal, 7-year long study and group experience involving 36 female breast-cancer patients, at different stages of the disease. This research investigates the role played by cancer life experience in the evolution of the disease.Method : two supportive expressive groups semi-open, heterogeneous and non-committal, centred on initiating dialogue around the patient’s breast cancer disease, which thus became an invitation to achieve a psychological work by and through the group. The patient’s subjective truth is linked with the medical objective reality. The data synthesize the reports of monthly groups, medical follow-up and individual interviews.Results : the analysis identified three categories of life experience. To six women cancer became a « meanin-bearing event ». They transformed this ordeal into a personal growth experience. Their prognosis improved, in comparison with relevant statistical data. For 14 women cancer « triggered a personal search », they managed to express a previously unknown pain and they allowed themselves to actualize a potential and to act upon it. The medical evolution of those who are with metastasis is slowed in comparison with statistical data. For 16 other women, cancer remained « an accident to be forgotten ».Conclusions : discussion groups can help patients to get one’s bearings and to replace the cancer in their actual and past story. This psychological work is propitious to inner coherence and it seems to enable women to express aspects of their experience going beyond breast cancer organic aspects. This psychological work seems then to have a reorganizing role between Freud’s psychic instances. The ability to bear and to manage psychic conflicts seems to influence the healing process of the erogenous – lived in and compassionate – body, symbolically involved, and to help restoring the biological body. To the cancerologist, group therapy is of great interest : it underlines the necessity to consider both the somatic and the symbolic body. Medical treatments are more efficient as the specific needs of each patient are better understood and taken into account in the protocol of care. ResumenEsta investigación se focaliza en el papel del vivido del cáncer del seno y su evolución. Abrimos dos grupos de discusión medio abiertos en los cuales se iniciaron un dialogo y un trabajo psíquico por y en la relación a otro. La verdad subjetiva de la enferma fue relacionada con la realidad objetiva medical.Este estudio se basa en la recogida de las varias fuentes sintetizándolas : informes de sesiones mensuales de los grupos de discusión, de las consultaciones medicales y de las entrevistas psicológicas individuales. El análisis revela tres categorías de vividos.