Marion, Jean-Luc

De surcroît : Études sur les phénomènes saturés - Presses Universitaires de France,
2010.


Les phénomènes apparaissent-ils toujours selonla calmeadéquation en eux de l’intuition avec la signification, voire, plus souvent, avec un déficit d’intuition ? Ou bien certains —les phénomènes saturés —n’apparaissent-ils pas plutôt grâce au surcroît irrépressible de l’intuition sur tous les concepts et toutes les significations que l’on voudrait leurassigner ?Cette question avait surgi du principe «Autant de réduction, autant de donation» (dansRéduction et donation. Recherches sur Husserl, Heidegger et la phénoménologie, 1989) et conduit à dégager la donation, telle qu’elle dépliece qui se donne et cequi se montre (avec Étant donné. Essai d’une phénoménologie de ladonation, 1997).Reste, une fois ces acquis répétés, à étudier en eux-mêmes chacun des quatre types de phénomènes saturés: l’événement (saturé selon la quantité), l’idole ou tableau (saturé selon la qualité), la chair (saturée selon la relation) et enfinl’icône ou visage d’autrui (saturé selon la modalité). Il devient alors pensable d’étudier leur combinaison dans ce qu’on doit thématiser comme un phénomène saturé à la puissance, un paradoxe des paradoxes — le phénomène de révélation. En l’occurrence, il s’agit de comprendre (contre uneféconde critique de J. Derrida) les trois moments de lathéologie mystique (affirmation, négation, hyperbole) non seulement comme l’accomplissement d’un phénomène saturé exemplaire, mais encore comme la répétition de toute phénoménalité de l’excès.De surcroît donc. Parce qu’il s’agit de l’excès du donné qui se montre. Parce qu’il s’agit aussi de l’exposer une nouvelle fois.