Vosse, Wilhelm

D’une cyberdéfense passive à une cyberdéfense active : les signes de l’évolution progressive de la politique de cybersécurité du Japon dans le discours national et la coopération internationale - 2024.


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Le Japon a longtemps été l’un des acteurs internationaux les plus actifs pour défendre un Internet libre et ouvert ainsi que l’application du droit international au cyberespace. La priorité que le pays accorde traditionnellement à une politique de « défense défensive » et sa position de soutien de l’ordre mondial libéral ont longtemps été déterminantes pour la cyberdiplomatie japonaise et la façon dont le Japon a fait face aux cyberattaques sur le plan national. Cependant, la dernière Stratégie de cybersécurité (2021) et la Stratégie de sécurité nationale (2022) reflètent l’évolution de sa perception du danger, les mutations de l’ordre géostratégique et les débats entre les différentes parties prenantes au niveau national, et soulignent pour la première fois la nécessité de développer des capacités actives de cyberdéfense. Cet article décrit ce cheminement et soutient que, bien que le Japon ait enfin reconnu la cybersécurité comme un élément central des guerres hybrides, l’aversion au risque et une préférence dominante pour les approches défensives empêchent encore le pays d’adopter des cybercapacités offensives. Japan has long been one of the most active global players in defending the free and open internet and the argument that international law applies in cyberspace. Its traditional preference for defensive defense policy and its position as a defender of the liberal world order have long determined Japan’s cyber diplomacy and the way it dealt with cyber attacks domestically. However, its latest Cybersecurity Strategy (2021) and the National Security Strategy (2022) are a reflection of changed threat perceptions, the changing geostrategic order, and the domestic debates between different stakeholders, and for first time stress the need to develop active cyber defense capabilities. This article documents this journey and argues that while Japan has finally recognized cybersecurity as a central element of hybrid wars, risk aversiveness and a prevailing preference for defensive approaches are still holding Japan back from embracing offensive cyber capabilities.