Husz, Orsi
Passionate about Things: The Swedish Debate on Throwawayism (1960-61)
- 2011.
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This article explores the notorious Swedish debate called “slit-och-släng” [wear and tear and throwaway] in 1960-61. This large-scale media debate on consumption and the throwaway mentality was triggered by a dispute between two leading media personalities specialised in consumer issues and engaged intellectuals, economists, designers, producers, consumer representatives as well as the general public. The analysis in this paper applies three overlapping historical contexts: modernity, morality and emotionality. First, I interpret the debate as a conflict between traditional and modern consumer attitudes. Second, I show that the debate, at first sight, can easily be placed within the tradition of a dichotomised normative criticism, whereby the rational and active consumer is endorsed and contrasted with the negative image of the emotionally-driven and manipulated victim of market forces. Third, I argue that the debate was a breaking point in the very same normative discourse. It signals a rupture in the persistent polarisation, by introducing emotions in a positive way – on both sides of the debate. Rather unexpectedly, the Swedish debate on throwawayism justified a passion for commodities. Consequently, the analysis sheds new light upon the interpretations of Swedish consumerism in terms of rationality, collectivism, state-controlled consumer education and consumer protection by showing how leading consumer educators “got tired of” rationality. Cet article se greffe sur un célèbre débat qui s’est tenu en Suède en 1960-1961 autour du « slit-och-släng » (« porte ! use ! et jette ! »). Ce débat de grande ampleur sur la consommation et l’esprit du “jetable” a été suscité par une controverse entre deux éminentes personnalités des médias, spécialistes de la consommation, et a impliqué des intellectuels engagés, des économistes, des designers, des producteurs, des représentants des consommateurs ainsi que le grand public. L’analyse porte sur trois concepts historiques qui se recoupent : modernité, moralité et émotionnalité. En premier lieu, j’interprète le débat comme un conflit entre les anciens et les modernes en ce qui concerne l’attitude des consommateurs. En second lieu, je montre qu’à première vue, le débat peut aisément être replacé dans la tradition d’une critique normative dichotomisée, dans laquelle le consommateur actif et rationnel est approuvé, mais aussi mis en perspective avec l’image négative de celui qui apparaît comme une victime mue par ses émotions et manipulée par les forces du marché. En troisième lieu, je soutiens que ce débat a justement constitué un point de rupture dans ce même discours normatif et dans cette polarisation persistante en introduisant les émotions d’une manière positive, et ce sur les deux pôles du débat. De façon assez inattendue, le débat suédois sur le « jetable » a justifié une passion pour les produits de grande consommation. Par conséquent, l’analyse apporte un éclairage nouveau sur les interprétations du consumérisme suédois en termes de rationalité, de collectivisme, d’éducation des consommateurs et de protection des consommateurs par l’État ; elle montre comment des leaders de la formation des consommateurs se sont lassés de la rationalité.