Raveneau, Gilles
Le camping ou la meilleure des républiques
- 2001.
59
RésuméDans le milieu des années 1950, le camping jette les bases d’une hôtellerie de plein air à grande échelle. Son image se réduit progressivement à son caractère populaire et massif. Pourtant, si on observe bien la marque des déterminations socio-économiques dans la pratique du camping, on y découvre également des processus irréductibles aux effets de la nécessité matérielle. À travers l’exemple des terrains de l’île de Noirmoutier (Vendée), il s’agit de mettre en évidence les mécanismes de transmission et d’apprentissage qui portent les familles et les individus à retenir le camping comme mode de séjour, et de souligner les contradictions sur lesquelles se construit le camping d’aujourd’hui : mettre la ville dans la nature, associer la robinsonnade et la société de consommation ; partager une expérience collective dans une société à dominante individualiste. La puissance symbolique du camping s’exprime à travers une forme d’utopie égalitaire et hédoniste qui renvoie directement aux caractéristiques principales de « l’île d’Utopie ou la meilleure des Républiques », telle que l’imaginait Thomas More au xvie siècle. In the middle of the 50s camping and caravaning develop on a large scale. The image of camping progressively reduces to its popular and mass character. However, if the practice of camping is marked by socioeconomic determinants, it is not only motivated by financial considerations. On the example of the campsites of the island of Noirmoutier (Vendée) we try to evidence through which mechanisms of transmission and apprenticeship families and individuals have been led to choose camping as a mode of accomodation and we stress the contradictions on which camping rests today : putting the town in the nature, associating island adventure story with the consumer society ; sharing a collective experience within a predominantly individualistic society. The symbolic power of camping is expressed through a form of egalitarian and hedonistic utopia that directly refers to the main characteristics of « the Island of Utopia or the best of Republics », as imagined by Thomas More in the l6th century. ZusammenfassungIn der Mitte der 50er Jahre legt Camping den Grund eines weitverbreiteten Beherbergungsgewerbes im Freien. Allmählich wird er nur als eine volkstümliche und Massenaktivität angesehen. Wenn aber die Praxis des Campings von sozioökonomischen Verhältnissen bestimmt wird, sollen auch andere Prozesse in Betracht gezogen werden. Am Beispiel der Campingplätze der Insel Noirmoutier (Vendée) versucht man nachzuweisen, durch welche Übertragungs- und Lernprozesse Familien und Individuen dazu geführt wurden, Camping als Beherbergungsart zu wählen und die Widersprüche, auf welchen Camping heute gebaut wird, hervorzuheben : die Stadt in die Natur zu setzen, Robinson Crusoe’s Leben mit der Konsumgesellschaft zu verbinden, eine gemeinsame Erfahrung in einer vorherrschend individualistischen Gesellschaft zu machen. Der symbolische Wert des Campings drückt sich durch eine Art von egalitären und hedonistischen Utopie aus, die auf die Hauptcharakteristiken der « Insel der Utopie oder die beste der Republiken » hinweist, wie sie sich Thomas More im 16. Jahrhundert vorstellte.