Arrondel, Luc

Successions et héritiers dans la société rurale du XIXe siècle : l'exemple des familles « TRA » de Loire-Inférieure - 2004.


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RésuméRares sont les études empiriques sur les comportements de transmission fondées sur des données historiques se référant à des périodes où l’État intervenait peu dans la politique familiale et où les institutions bancaires et assurancielles étaient moins développées qu’aujourd’hui. L’objet précis de cet article consistait à décrire et à exploiter une base de données historiques constituée de généalogies patrimoniales couvrant le xixe et la première moitié du xxe siècle. Le corpus de données a été élaboré à partir des familles issues de l’enquête « 3 000 Familles », résidant au cours des xixe et xxe siècles dans le département de Loire-Inférieure.L’échantillon permet de vérifier certaines hypothèses théoriques concernant les comportements de transmission. Les tests empiriques révèlent (1) le caractère rétrospectif des legs, soit la forte influence du patrimoine hérité sur le patrimoine transmis ; (2) une décroissance du montant des legs après 66 ans qui signale une « consommation » du patrimoine au cours de la vieillesse. Elle traduit soit le besoin de financement de la retraite, soit l’existence de donations aux enfants en contrepartie d’une prise en charge matérielle ; (3) l’influence positive d’une descendance limitée (2 enfants) sur le montant transmis, signe de l’existence d’un motif de transmission au xixe siècle. Only few empirical studies of intergeneration transfers using historical data have considered the period when the State intervened relatively little in family life and when financial institutions were far less-developed than they are today. This paper uses historical data from the “3 000 Familles” covering individuals in the Loire-Inférieure département in the xixth and early xxth century.These data allow us to confirm a number of theoretical predictions. In particular, we reveal a strong influence of past inheritances on individuals’ future bequests. We also show that the amount bequeathed falls after the age of 66, as wealth is consumed. This could reflect either the financing of retirement, or transfers to children in return for care or other services. Last, we find that the amount transferred is higher when the number of children is smaller, providing evidence for the bequest motive in the xixth century.