Sportouch, Sabine <br/><br/>
L’écriture et la vie en médecine intensive réanimation 

 -  2023.<br/>							 
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<br/><br/> Psychologue clinicienne en médecine intensive réanimation, je m’intéresse ici à la fonction pare-excitante que l’écriture a jouée pour les soignants de notre service, par le biais des « carnets de bord » rédigés à l’attention des patients atteints de Covid-19 et/ou de leurs familles. Ces carnets ont été le lieu de partage de la peur et de l’angoisse, le lieu d’une dramatisation et d’une scène subjective, le récit remettant de l’ordre face à la maladie somatique, insensée, désorganisatrice, laissant les proches et les soignants démunis. Lieu aussi d’une pensée magique censée réparer le vécu d’impuissance face à une pathologie inconnue ; lieu où les mots revêtent le pouvoir d’empêcher les événements tragiques ; lieu d’une pulsion de vie se maintenant dans la parole et le récit collectif par lesquels pourra se reconstituer une mémoire individuelle interrompue ; lieu d’une continuité narrative face à la discontinuité somatique ; lieu d’un engagement thérapeutique dans une situation d’impasse ; lieu d’un défi inconscient à la mort, lieu du bruit des mots pour tenter de maintenir celle-ci à distance.  As a clinical psychologist in intensive care unit, I am interested here in the exciting function that writing has played for the caregivers of our department, through the “dashboards” made for patients with Covid-19 and/or their families. These notebooks were the place of sharing fear and anguish, the place of dramatization and a subjective scene, the narrative putting order in the face of somatic, senseless, disorganizing disease, leaving relatives and caregivers destitute. Place also of a magical thought supposed to repair the experience of impotence in the face of an unknown pathology; place where words have the power to prevent tragic events; place of a life drive held in the word and collective narrative through which an individual memory can be reconstructed; instead of a narrative continuity in the face of somatic discontinuity; instead of a therapeutic commitment in a situation of impasse; instead of an unconscious challenge to death, place of the sound of words to try to keep it at a distance.