Gil, Roger

Confinement et isolement en Ehpad ou les enjeux éthiques du délitement sécuritaire des liens sociaux - 2021.


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Le confinement des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes a été une des modalités de déclinaison du confinement de la population générale, appliqué aux personnes âgées, en institution, plus vulnérables au virus en raison certes de leur âge, mais aussi des pathologies associées, notamment cardiovasculaire et diabétique et de leur vie commune propice à la propagation du virus. Les visites des proches furent donc suspendues, mais en outre certains établissements, non infectés par la Covid, procédèrent indistinctement à l’isolement des résidents dans leur chambre, ce qui fut parfois appelé le « confinement total ». Les établissements contaminés durent tenter de regrouper les personnes malades dans des secteurs dédiés. Les équipes soignantes, dont certaines furent aussi frappées par la Covid, et donc en nombre réduit, durent avec les médecins coordonnateurs soigner les malades, gérer les mesures sécuritaires, accompagner les résidents isolés. Elles furent soumises à rude épreuve. Il fallut repenser l’accompagnement, en usant de moyens de communication téléphonique et numérique. Mais la durée du confinement généra chez nombre de résidents les souffrances de l’isolement social liées à un sentiment d’abandon, qui s’accompagna pour certains d’un effondrement du désir de vivre. Les établissements durent gérer de manière difficile et les exigences sécuritaires et les exigences d’humanité. Quelle lecture éthique peut-on proposer de cette crise qui a si durement frappé les plus vulnérables ? Confinement in the care homes for the dependent elderly has been one way the confinement of the general population has been applied to the elderly in institutions, more vulnerable to the virus because of their age, of course, but also because of associated pathologies, in particular cardiovascular and diabetic, and their communal life conducive to the propagation of the virus. Visits from family were suspended, but some homes, not infected by the Covid, also proceeded without distinction to isolate the residents in their bedrooms, sometimes referred to as ‘total confinement’.Contaminated care homes had to try to group the sick persons in specific sectors. The teams of carers, some of whom were also affected by the Covid, and so with reduced numbers, had to, along with the coordinating doctors, care for the patients, manage the safety measures, accompany the isolated residents. They were sorely tested. They had to rethink how to accompany the patients, by using the telephone and digital communication. But for many residents the length of time the confinement lasted generated suffering due to social isolation linked to a feeling of being abandoned, which for some came with a giving up of the will to live. It was difficult for the care homes to manage both the safety requirements and the human requirements. What might be the ethical point of view of this crisis which has so cruelly struck the most vulnerable among us?