de Oliveira Gomes, Claudia
Le nom du maître
- 2021.
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RésuméLe nom donné aux titulaires d’un pouvoir autocratique apparaît comme le reflet et le creuset de représentations politiques complexes. En Grèce, des dynamiques idéologiques singulières s’affirment et se travaillent dans l’ onoma du maître – pour reprendre le mot d’Hérodote. Ce postulat n’est pas récent, pas plus que la recherche qui s’y attache, mais les études n’ont jamais été menées sur un temps long, dont les frontières dépasseraient les limites canoniques des périodes classique et hellénistique – ni dans un corpus large, qui engloberait les documents officiels comme la littérature. Pourtant, nous faisons ici l’hypothèse que les représentations culturelles du pouvoir dans le monde grec sont issues d’une longue histoire cohérente. Et quand bien même, à l’époque hellénistique, les formules se figent pour deux siècles, l’immobilité elle-même pourrait ne se comprendre que comme la perception d’une histoire politique suspendue entre passé et présent, une hésitation entre un héritage prégnant et un présent presque impensable. The name given to holders of autocratic power is evidently a reflection and crucible for complex political representations. In Greece, special ideological dynamics are played out and realized in the master’s onoma – to borrow Herodotus’s term. The point has long been recognized and researched, but studies have never been conducted over a long period, not bound by the canonical Classical and Hellenistic eras – nor within an extended corpus, comprising both official documents and literature. Yet, I suggest here that cultural representations of power, in the Greek world, are derived from a long, consistent history. And even though, during the Hellenistic period, formulations remained stable for two centuries, this very immobility can only be understood as the perception of a political history suspended between past and present, wavering between a pregnant heritage and an almost inconceivable present.