Chapitre 2. Rééquilibrer l'économie et renouer avec la croissance par la création d'emplois et une meilleure affectation des capitaux - 2012.


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RésuméL’économie portugaise s’est caractérisée ces dix dernières années par une croissance faible et des déficits volumineux des paiements courants. L’accès au crédit facile sur les marchés mondiaux, conjugué jusqu’à ces derniers temps à une absence de dispositifs incitant les banques à limiter leur ratio prêts/dépôts, a permis de financer à l’international une forte consommation et des investissements élevés par rapport au produit intérieur brut (PIB), par un recours excessif du secteur bancaire aux marchés de capitaux. Ce phénomène a abouti à un endettement important des ménages et des entreprises, et rendu les banques vulnérables à un retournement de la confiance des investisseurs. Cela étant, l’investissement et le crédit ont été principalement orientés vers les secteurs protégés, donnant naissance à une infrastructure routière, à des capacités de production d’électricité et à un stock de logements surdimensionnés. Les carences des institutions du marché du travail ont encore sapé la productivité et entravé l’ajustement des salaires, rendant encore plus difficiles les gains de compétitivité-coûts.Le processus de désendettement déclenché par la perte de l’accès aux financements internationaux contribue à réduire rapidement les déficits extérieurs, mais il pourrait également engendrer une contraction du crédit préjudiciable pour l’économie, ce qui accroît l’importance des autres stratégies de financement pouvant être mises en œuvre par les entreprises, telles qu’un recours accru aux financements sur fonds propres. Pour renouer avec la croissance, le Portugal doit favoriser le redéploiement de la main-d’œuvre et du capital, pour l’essentiel vers les secteurs exportateurs. Dans le prolongement des initiatives et des engagements qu’ils ont pris récemment, les pouvoirs publics devront réformer les politiques publiques qui faussent de longue date la répartition des investissements, veiller à ce que les banques comptabilisent et provisionnent comme il se doit leurs prêts problématiques et, sur le front de l’emploi, réduire la segmentation du marché du travail et renforcer les formations ciblées. Des réformes concernant la fixation des salaires, l’imposition du travail, les allocations de chômage et les politiques d’activation stimuleront la création d’emplois et renforceront de ce fait la croissance de la production tout en évitant l’enracinement d’un chômage élevé mettant en péril la cohésion sociale.