Pelgrims, Claire

Aménager la lenteur. La dimension imaginaire de la piétonnisation du centre-ville bruxellois - 2019.


10

Cet article aborde la dimension imaginaire de la piétonnisation du centre-ville de Bruxelles depuis le milieu du xx e siècle à travers l’analyse des différentes incarnations de l’imaginaire de lenteur qui se déploient du discursif au non-discursif. Il s’intéresse aux dissonances temporelles et spatiales qui apparaissent entre le terrain, le sensible et l’ image. Se penchant notamment sur un corpus de films, l’analyse souligne le rôle de l’image dans la définition progressive et l’émergence d’un imaginaire critique. L’imaginaire de la lenteur s’outille et se définit progressivement à travers différentes logiques de ralentissement de la vitesse automobile et d’accélération des mobilités lentes qui apparaissent dans l’aménagement du « semi-piétonnier » de la rue Marché-aux-Herbes. Ces logiques constituent ensemble une grammaire de la lenteur régissant les aménagements et les manières d’être, cherchant à minimiser ou invisibiliser les objets non congruents et les comportements jugés fautifs. This study investigates the imaginary dimension of the creation of pedestrian areas in the centre of Brussels since the mid 20th century. Through an analysis of the different projections of the emerging slow mobility imaginary in its discursive and non-discursive forms, it focuses on the temporal and spatial dissonance arising between the field, the sensory experience and the image. Drawing on the examination of a corpus of films, the article stresses the role of the image in the gradual definition and emergence of a critical imaginary. The slow mobility imaginary emerges from different logics for reducing fast car mobility and accelerating slow mobilities, as can be perceived in the redevelopment of the Rue Marché-aux-Herbes as a ‘semi-pedestrian’ area: Taken together, these logics constitute a grammar of slowness that governs urban planning projects and ways of being by seeking to minimise or mask objects and behaviours seen as incongruous. Este artículo aborda la dimensión imaginaria de la peatonalización del centro urbano de Bruselas desde mediados del siglo xx a través del análisis de las diferentes encarnaciones del imaginario de la lentitud que se despliegan entre lo discursivo y lo no discursivo. Se interesa por las disonancias temporales y espaciales que aparecen entre el terreno, lo sensible y la imagen. Reflexionando en particular sobre un corpus cinematográfico, el análisis subraya el papel de la imagen en la definición progresiva y la emergencia de un imaginario crítico. El imaginario de la lentitud se va reforzando y definiéndose progresivamente a través de diferentes lógicas de enlentecimiento de la velocidad de los automóviles y de aceleración de las movilidades lentas que aparecen en la ordenación de lo « semipeatonal » de la calle Marché-aux-Herbes. Estas lógicas constituyen, en su conjunto, una gramática de lentitud que rige las ordenaciones y las formas de estar, y que busca minimizar o invisibilizar los objetos no congruentes y los comportamientos que se consideran constitutivos de falta.