Chataignier, Stéphane

Des éoliennes dans le terroir. Enquête sur « l'inacceptabilité » de projets de centrales éoliennes en Languedoc-Roussillon - 2003.


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RésuméL’énergie éolienne semble la seule à même de permettre à la France de se conformer à l’ambition de la directive de l’Union Européenne relative à la promotion des énergies renouvelables (passer de 15 à 21 % la part d’électricité produite à partir d’énergies renouvelables). Début 2000, le gouvernement Jospin décide de passer d’un appel d’offre (programme Eole 2005) à une politique fondée sur des prix de rachat garantis de l’énergie produite. Le prix de rachat est fixé à un niveau très intéressant. De nombreuses sociétés commencent alors à prospecter intensivement le territoire à la recherche de sites propices. Sans surprise, cela suscite des controverses locales. Le présent article s’appuie sur une étude de terrain en Languedoc-Roussillon au cours du premier semestre de l’année 2002 et permet de mettre en lumière un « moment » intéressant où les « nouvelles formes de délibération » ou de planification semblent oubliées au profit d’une rationalité misant exclusivement sur des « outils de marché » dans le cadre d’une dérégulation du marché de l’électricité. Ces leviers économiques sont puissants, mais la confrontation avec des logiques territoriales génère de « l’inacceptabilité » en ne tenant pas compte des projets du territoire. Surtout ils suscitent ainsi l’hostilité des acteurs locaux qui dénoncent l’opacité et « l’anarchie » du système mis en place. Pour sortir de la crise, on redécouvre la nécessité d’une planification territoriale. Pour autant, cela n’aboutit pas à un retour au même, mais à un « policy mix » alliant concurrence, décentralisation et planification « incitative ». Cela sera-t-il suffisant pour limiter les « dommages collatéraux » du système de prix garantis ? Wind energy seems to be the only option for France to comply to the European directive on renewable energies’ promotion (which seeks to shift the renewable energy-based electricity production’s share from 15 % to 21 %). At the beginning of 2000, the Jospin government decided to change from an invitation to tender (2005 Eole Program) to a policy based on guaranteed buyback prices of the energy produced. The buyback price was fixed at a very rewarding level. Numerous companies thus began to prospect intensively the French territory in search of favourable sites. Not surprisingly, it induced local controversies. This paper is based on a case study in Languedoc-Roussillon undertaken during of the first semester of 2002, and highlights an interesting « moment » when the « new forms of deliberation » or of planning appeared to be forgotten and replaced by a pure market-like rationality in the context of the electricity market’s deregulation. Those economic tools are powerful but their confrontation with territorial logics, by taking no account of the territories’ projects, generates « unacceptability ». Above all they induce the hostility of local actors who denounce the opacity and the « anarchy » of the system. In order to overcome the crisis, land-planning is rediscovered as a necessity. However this does not result on a return back to square one, but in a policy mix combining competition, decentralization and « incentive » planning. Will this be sufficient to limit the « collateral damages » of the guaranteed prices’ system ?