Vercauteren, Richard

Nuits en établissements, une rupture des modèles culturels du travail - 2006.


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Le faible nombre des personnels généralement affecté au travail de nuit peut constituer un élément explicatif de certains dysfonctionnements ; toutefois, se focaliser sur ce seul aspect risquerait de limiter la connaissance d’une autre réalité : le travail de nuit construit sa propre culture professionnelle en élaborant de façon quasi-autonome ses règles et ses repères au travail. Deux enquêtes conduites à la fois sur un plan national et local nous ont permis de faire apparaître le relief d’une « culture du travail de nuit ». Se préservant souvent de tous contacts avec « ceux qui travaillent de jour », la « veilleuse de nuit » crée son propre modèle d’intervention professionnelle à travers un non-dit fonctionnel : ne pas dire, c’est préserver sa conception du travail. Ignorées par une direction qui ne connaît pas fondamentalement le travail hors le fait d’en cerner les tâches, les « veilleuses de nuit » s’organisent autour d’une autonomie qu’elles revendiquent en déclarant leur travail plus intéressant que celui effectué le jour. De ce fait, leur appartenance réelle à une « équipe » n’est souvent qu’une apparence. Dans ce contexte, qu’est-ce qu’est véritablement ce travail de nuit développant en lui les éléments d’une autonomie fonctionnelle ? NIGHTTIME IN INSTITUTIONS, A BREAK-AWAY FROM CULTURAL WORKING MODELS The small number of staff usually attributed to night duty could partly explain certain dysfunctions; nevertheless, to dwell on this one aspect could be at the risk of not recognizing the fact that night work creates its own professional culture and sets its almost autonomous rules and its own work reference points. Two surveys carried out both at national and local level reveal the outline of a “night work culture”. Whilst often avoiding all contact with “those who work during the day” the “guardians of the night” create their own professional intervention model which is kept secret: not to tell is to preserve one’s conception of work. Ignored by management which does not have a thorough knowledge of the work except to define its various tasks, the “guardians of the night” organize the autonomy they demand, declaring their work to be more interesting than day work. This means that their belonging to a team is often only an impression. Within such a context, what exactly is night work which is developing into an autonomous function.