Burri, Sylvain

Essartage, culture temporaire et habitat en Basse-Provence entre Moyen Âge et première modernité (xiii e-xvi e siècles) - 2017.


79

La mise en culture temporaire de parcelles boisées est une pratique culturale commune dans les massifs forestiers provençaux à la fin du Moyen Âge. Les essarts sont des enclaves temporaires et périodiques de cultum dans l’ incultum et sont intimement liés à l’exploitation des ressources végétales. Cette pratique engendre une mobilité des paysans, qui s’implantent parfois temporairement sur le lieu d’exploitation. Or, les stratégies résidentielles et les formes d’habitats liées aux cultures temporaires et périodiques n’ont jamais été étudiées. L’analyse des caractéristiques techniques, spatiales et temporelles révèle que le facteur déterminant de cette installation provisoire n’est ni la distance à parcourir entre résidence principale et lieu de travail, ni les contraintes temporelles, mais la nécessité de surveiller et de protéger les semis. Si la présence de cabanes est avérée, leurs formes et leurs modes de construction ne sont jamais décrites. La périodicité des remises en culture entraîne parfois la réoccupation d’anciennes structures. D’autres fois, les cultures et l’habitat précaire se pérennisent illégalement sur les terres communes, générant ainsi des conflits entre autorité publique et individus, loi et droit d’usage. Abstracts The temporary cultivation of forested lots was a common agricultural practice in the forested areas of Provence at the end of the Middle Ages. Clearings (essarts) were temporary and periodical enclaves of cultum within the incultum and were closely associated with the way vegetal resources were put to use. This practice generated peasant mobility, since temporary settlements were set up occasionally on the cultivated site. However, the settlement strategies and forms of habitat associated with temporary or periodical cultivation have never been studied. The analysis of their technical, spatial and chronological characteristics shows that the determining parameter in these temporary occupations was neither the distance one had to cover between the main place of residence and the work site, nor the time constraints, but the extent to which it was necessary to oversee and protect the sowings. While the presence of huts is proven, their shape and mode of construction have never been described. The periodical nature of some cultivation sometimes led to the reoccupation of existing structures. At other times, both cultivation and temporary habitats were illegally made permanent within commons, which brought about conflicts between the public authorities and the individuals concerned, i. e. between the law and customary uses. Resumen La puesta en cultivo temporal de parcelas de monte es una práctica común en los bosques provenzales a fines de la Edad Media. Las rozas son enclaves temporales y periódicos de cultum en el incultum y se relacionan íntimamente con la explotación de los recursos vegetales. Esta práctica engendra una movilidad campesina, que se instalan a veces temporalmente en el lugar de explotación. Estas estrategias residenciales y las formas de hábitat relacionadas con los cultivos temporales y periódicos no han sido estudiados nunca. El análisis de las características técnicas, espaciales y temporales revela que el factor determinante de esta instalación provisional no es la distancia entre la residencia principal y el lugar de trabajo, ni las limitaciones temporales, sino la necesidad de vigilar y proteger los sembrados. Aunque la presencia de cabañas es cierta, no se describe nunca su forma, ni su modo de construcción. Le periodicidad de los cultivos conduce, a veces, a ocupar de nuevo las antiguas estructuras. Otras veces, los cultivos y el hábitat precario se perpetúan ilegalmente en los propios, generando conflictos entre autoridad pública e individuos, ley y derechos de uso.