Wodka-Gallien, Philippe
La course aux armements : la dissuasion en filigrane
- 2013.
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La réalité des années 2010 est bien celle d’une relance de la course aux armements stratégiques. Cette tendance vient ainsi contredire les espoirs placés dans la fin de la Guerre froide, et plus récemment dans l’arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche. La course aux armements stratégiques du XXIe siècle s’est diversifiée, au plan géographique, mais aussi technologique. Défense antimissiles, maîtrise de l’espace exo-atmosphérique, guerre informatique se sont ajoutées aux arsenaux nucléaires, vecteurs et armes, sans s’y substituer, pour former de nouvelles familles de systèmes centraux de défense. En outre, paradoxalement, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) a généré à lui seul un champ nouveau de compétition, celui de grands instruments scientifiques de simulation, un secteur à fort contenu technologique déjà occupé par les cinq grands du nucléaire militaire. L’explication vient aussi de l’inéluctable progrès technique, de la croissance économique en Russie, en Chine, et en Inde, pays qui déploient en outre des politiques fondée sur les rapports de force. Du côté de Washington et de Londres, la modernisation des arsenaux stratégiques est désormais programmée. Qui plus est, le dossier du nucléaire Iranien vient à son tour entretenir un climat de tensions et d’inquiétudes. Face à cette situation, la France, puissance nucléaire reconnue, n’a d’autre option que de poursuivre une stratégie de dissuasion nucléaire crédible, défensive et fondée sur la suffisance des moyens de riposte, et condition de sa souveraineté et de sa liberté d’action. Cette stratégie est au cœur d’une posture de défense vue dans une perspective à très long terme, dès lors que l’on a la certitude que le monde ne parviendra plus à atteindre ses objectifs de désarmement pourtant fixés par le Traité de non-prolifération. The second decade of the 21th Century ushers in a period of rearmament in the World. This trend clearly goes against the hopes at the end of the Cold war, and more recently after the arrival of Barack Obama at the White House. In the 21th Century strategic armements have both spread geographically and developped technologically. Balistic missile defense systems, a dynamic use of space for military purposes and cyberwarfare are the new territories of the 2010’s arms race. This new dynamic trend arrives in addition to the traditional areas of strategic weapons i. e. the nuclear payloads and their delivery systems (aircraft, missiles of any types, submarines or surface ships) or weapons of massive destructions. Otherwise, the CBTB – Comprehensive Test Ban Treaty – has created a new competition in the field of a new generation of high-tech scientific devices which are dedicated to simulation function (super computers, high power laser notably). Economic growth in Russia, China and India brings new opportunities, even though these countries’foreign policy remains based on power relationships. In United States and United Kingdom, government has just decided to modernize their nuclear arsenals. At the top of the security file, the international community has to consider the dangers and risks coming from the nuclear ambitions of North Korea, and Iran, and their impacts on the security environment. Facing this situation, France, one of the five nuclear powers of the Non Proliferation Treaty, has only one option : to strenghten again its nuclear deterrence. This strategy relies on the same parameters that have prevailed in the past : souvereinty, operational efficiency and sufficiency. From a French point of view, nuclear deterrence remains the core of a defense strategy founded upon a long term vision, according to which global nuclear disarmement is an illusion, this of course in contradiction with the generous objectives of the NPT. We can regret this, but we cannot ignore the new reality of the World.