Clément, Michèle

L'anonymat chez Maurice Scève et le devenir auteur - 2013.


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La singularité de Maurice Scève, dont la carrière littéraire est longue puisqu’il publie entre 1535 et 1562, est le refus de s’inscrire comme auteur, le refus d’afficher une persona d’auteur dans l’ère de la communication ouverte par les possibilités de l’imprimerie, particulièrement la page de titre et les liminaires. Il refuse d’imprimer son nom ; s’il laisse apparaître ses devises et, exceptionnellement, ses initiales, ni Délie, ni Saulsaye, ni Microcosme ne sont signés. Ce faisant, il refuse la pratique la plus nette de l’auctorialité au XVIe siècle. Peut-on le qualifier d’auteur anonyme pour autant ? Qu’engage cette pratique à rebours de l’histoire pour la réception de l’œuvre ? Anonymity in Maurice Scève’s Work: Becoming an AuthorMaurice Scève’s singularity, during the length of a publishing career which spans almost thirty years, from 1535 to 1562, is to have refused to sign on as an author, to have refused to flaunt a persona as author in the era of communication opened up by printing and what it allows, in particular the title page and the front matter. He refuses to print his name ; if he lets his motto be published, and, exceptionally, his initials, nonetheless neither Délie, nor Saulsaye, nor Microcosme, are signed. He thus refuses to exercise the clearest sign of authorship available in the 16th century. For all that, does it allow us to consider him as an anonymous author ? And what does this refusal, which goes against the tide of history, imply for the reception of his works ?