Denœux, Guilain
Tunisie : les élections présidentielles et législatives
- 1994.
82
Les dernières élections en Tunisie se sont soldées par une victoire écrasante du président Ben Ali, et du parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), dont elles ont démontré la capacité de mobilisation, encore accrue depuis sa réorganisation. Une campagne soigneusement orchestrée, axée sur les mots-clés de sécurité, prospérité et consensus, non moins que les réalisations du régime en matière de développement économique, de droits de la femme, ont influencé les électeurs en faveur de la continuité, la situation algérienne servant par ailleurs de contre-modèle. L’entrée de l’opposition à la Chambre, permise par une modification de la loi électorale, visait à créer les apparences d’un pluralisme permettant la constitution implicite d’une nouvelle charte politique fondée sur la lutte contre la « menace intégriste ». Mais les divisions d’une opposition de plus en plus marginalisée ne lui ont pas permis d’obtenir plus qu’un « quota » de dix-neuf élus. Le décalage continue de s’approfondir entre la rhétorique démocratique du régime et l’existence d’un gouvernement personnalisé, qui étouffe toute contestation au nom de la stabilité. Tunisia’s last elections brought a landslide victory for President Ben Ali and the ruling party, the Constitutional Democratic Assembly (RCD), revealing that the party’s capacity to mobilize its forces has grown even stronger since its reorganization. Its carefully orchestrated campaign, centred on the key words “safety”, “prosperity” and “consensus”, just as much as the regime’s achievements in economic development and women’s rights, swayed the voters in favour of continuity. Algeria’s predicament also provided a countermodel. A change in the electoral law allowing the opposition to sit in the National Assembly was designed to create the appearance of pluralism, implicitly opening the way for a new political charter based on the struggle against the “fundamentalist threat”. But divisions within an increasingly marginal opposition have prevented it from obtaining more than a “quota” of nineteen members. The gap grows wider between the regime’s talk of democracy and a personalized government which stifles all contestation in the name of stability.