Ducos, Alain
Des systèmes alimentaires non soutenables qu’il faut réformer en profondeur
- 2023.
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Agricultural and food systems have undergone profound changes over the last few decades in all industrialized countries. Agricultural regions and farms have become highly specialized. The use of inputs of various kinds has intensified. The proportion of animal products and ultra-processed foods on our plates has risen sharply. This drive towards “modernization” has led to a sharp increase in the productivity of farming systems, enabling the share of food in household budgets to be reduced and then maintained. But the costs associated with these food systems are very high. Today, food accounts for a quarter of greenhouse gas emissions in France. The “productivist” agricultural development model adopted over half a century ago has caused major disruptions to the nitrogen, phosphorus and water cycles. It has made a major contribution to the massive and brutal collapse of biodiversity and the serious deterioration in soil health. What’s more, the share of added value captured by farmers has steadily eroded over time. The social and economic sustainability of a significant number of farms is now under threat. Faced with this situation, a major transformation of our farming and food systems must be envisaged. Agroecology offers a relevant framework for thinking about this transformation. Les systèmes agricoles et alimentaires ont connu de profondes transformations durant les dernières décennies dans l’ensemble des pays industrialisés. Les territoires et exploitations agricoles se sont fortement spécialisés. L’usage d’intrants de différentes natures s’est intensifié. La part des produits animaux et des produits ultra-transformés dans nos assiettes a fortement augmenté. Cette dynamique de « modernisation » a induit une augmentation de la productivité des systèmes agricoles, permettant de réduire, puis de maintenir, la part de l’alimentation dans le budget des ménages. Mais les coûts associés à ces systèmes alimentaires sont très importants. L’alimentation représente aujourd’hui le quart des émissions de gaz à effet de serre dans notre pays. Le modèle de développement agricole « productiviste » adopté depuis plus d’un demi-siècle est à l’origine de perturbations majeures des cycles de l’azote, du phosphore, de l’eau. Il a fortement contribué à l’effondrement massif et brutal de la biodiversité, à la dégradation importante de la santé des sols. Par ailleurs, la part de valeur ajoutée captée par les agriculteurs n’a cessé de s’éroder au cours du temps. La durabilité sociale et économique d’un nombre important d’exploitations agricoles est aujourd’hui menacée. Face à ce constat, une transformation importante de nos systèmes agricoles et alimentaires doit être envisagée. L’agroécologie offre un cadre pertinent pour penser et mettre en œuvre cette transformation.