Haliday, Héloïse

Quels modèles pour penser le traitement institutionnel des situations de « double contrainte » en psychiatrie ? - 2024.


5

Psychiatry is a field uniquely ensnared by issues pertaining to coercion in treatment. This necessitates a reevaluation of the institutional approach applied to such situations, which often manifest as instances of paradoxical injunctions. This article proposes an analysis of these phenomena from both legal and clinical psychological standpoints, offering them as reference points for institutional directors in their contemplation of these occurrences. Utilizing a case study exemplifying the multitude of rules, at times contradictory, to be employed in cases of coerced patient care, we assert the notion that situations involving ‘double bind’ in psychiatry risk stifling the cognitive processes of the stakeholders. These stakeholders may resort to projecting their aggressiveness onto authoritative figures identified as culpable. We draw upon two metaphors – the fractal form and the rhizome – to dissect the characteristics of the dissemination of paradoxes imposed upon healthcare establishments and psychiatric hospitalization teams. Furthermore, we examine the principles that facilitate avoiding the pitfalls of inhibited action and institutional paranoia. We propose the conceptualization of the existence of ‘good enough’ institutions that remain open to discourse and collective decision-making. This, however, demands deliberate attention to temper the intensity of the distress and aggression stemming from these instances of double bind. La psychiatrie est un champ particulièrement touché par les questions relatives à la contrainte aux soins. Ceci nécessite que soit pensé le traitement institutionnel réservé à ces situations, qui constituent souvent des cas d’injonctions paradoxales. Nous proposons dans cet article d’analyser ces phénomènes du double point de vue du droit et de la psychologie clinique, en tant qu’ils peuvent servir de référence au directeur d’établissement pour penser ces phénomènes. À l’aide d’un cas d’étude illustrant la multiplicité des règles, parfois contradictoires, à appliquer en cas de contrainte aux soins d’un patient, nous soutiendrons l’idée que les situations de « double contrainte » en psychiatrie risquent d’inhiber la pensée des acteurs, qui auront alors recours à la projection de leur agressivité sur des figures d’autorité désignées comme coupables. Nous ferons appel à deux métaphores, celle de la forme fractale et celle du rhizome, pour analyser les caractéristiques de la diffusion des paradoxes imposés aux établissements de santé et aux équipes d’hospitalisation psychiatrique, ainsi que les principes permettant d’éviter les écueils de l’inhibition de l’action et de la paranoïa institutionnelle. Nous proposerons de concevoir qu’il peut exister des institutions « suffisamment bonnes », ouvertes à la parole et à la décision collective, pour autant que celles-ci fassent l’objet d’un soin destiné à tempérer la violence des éprouvés d’impuissance et d’agressivité naissant dans ces situations de double contrainte.