Russier, Jean-Paul
Jouer avec le vent et la mer
- 2015.
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Au xixe siècle, libérés des terreurs de la mer, des passionnés étendent l’espace des jeux d’eau à la haute mer. Ils traversent l’Atlantique, parcourent le monde sur des bateaux à voile. Cette activité va se décliner en courses hauturières, régates en bord de mer. Des institutions (des clubs, des fédérations, des règles) organisent ce qu’on appellera le yachting, puis la plaisance. L’histoire de la très ancienne course de l’America (1851) est un bon exemple d’un jeu en haute mer, jeu agonistique, qui devient sport professionnel. Pourtant, ce processus de « sportivisation », souvent décrit, mérite interrogation. Le monde de la voile ne s’y réduit pas. L’adaptation à la société, à sa compétition et à ses challenges capitalistes, côtoie des inventions et des aventures non utilitaires. Et ces marins entretiennent cette pratique ancienne, aller en mer à la voile, dans des clubs et un travail patrimonial. Freed from the terrors of the Ocean, aficionados extended water games to the high seas in the nineteenth century. They crossed the Atlantic and travelled the world on their sailboats. This activity came to be declined in open sea races and shoreline regattas. Institutions such as clubs, federations and international ruling committees organised what came to be called yachting, and later recreational sailing. The history of the old America’s Cup (1851) is a good example of agonistic play in the open seas turned professional sport. Yet this oft described ‘sportisation’ process deserves to be interrogated, as it is not the whole of the world of sailing. The adaptation to the competitive society of capitalism and its spirit of challenge stands next to non-utilitarian inventions and adventures. These sailors keep the old tradition alive by sailing the seas and participating in clubs and patrimonial work.