Minvielle, Stéphane
Les ménages de Charleville en 1790
- 2014.
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En 1790, Charleville (aujourd’hui Charleville-Mézières) compte aux alentours de 8 000 habitants et sa population se compose d’un peu moins de 2 000 foyers. Ces derniers présentent de nombreuses caractéristiques assez communes dans cette région, comme leur taille assez réduite ou la très large domination des structures familiales nucléaires. Toutefois, le recensement de la population de Charleville effectué en 1790 révèle la très grande diversité des formes de corésidence, que masque l’apparente domination des structures simples. Ainsi, au-delà du modèle du foyer composé du mari, de son épouse et de leurs enfants, c’est toute une mosaïque de configurations plus ou moins éphémères que l’on rencontre en passant de logement en logement. Bref, la famille nucléaire semble effectivement la forme la plus naturelle et la plus répandue de cohabitation à Charleville au début de la Révolution, mais elle est un idéal auquel beaucoup ne peuvent pas, ou ne veulent pas se conformer. Enfin, les données issues du recensement de 1790 permettent de scruter quelques éléments fondamentaux de la société carolopolitaine de cette époque, comme la présence de très nombreux migrants issus d’un bassin démographique assez bien délimité, les principales activités économiques et l’inégale répartition de la population à l’intérieur de l’espace urbain. Households in Charleville in 1790In 1790, Charleville (today Charleville-Mézières) numbers around 8,000 inhabitants and its population is distributed in a little less than 2,000 households. These latter feature numerous characteristics that are rather common to the region, like their relatively small size or the overwhelming dominance of nuclear family structures. Yet, the population census carried out in Charleville in 1790 reveals a wide variety in the forms of coresidence, hidden behind the apparent dominance of the simpler structures. Thus, beyond the pattern of a household made up of the husband, his wife and their children, it is a whole range of more or less transient configurations that can be observed from one household to the next. In short, the nuclear family seems to be indeed the most natural and widespread form of co-habitation in Charleville in the early days of the Revolution, but it is an ideal to which many cannot or will not conform. Finally, the data provided by the 1790 census offer an insight into some fundamental elements of the society of the time in Charleville, like the presence of a large number of migrants originating in a rather well delineated demographic area, the major economic activities and the unequal distribution of the population across the urban space.