Janssens, Sam

La Paix de Dieu dans les Gesta episcoporum Cameracensium - 2016.


11

Contrairement à la plupart des évêques de son temps, Gérard Ier de Cambrai (1012-1051) s’est opposé au mouvement de la Paix de Dieu, parce que, selon lui, il mettait en cause la conception traditionnelle du partage des rôles entre l’évêque et le roi comme garants de la paix et de l’ordre social. Cette opposition est présentée dans le troisième livre des Gesta episcoporum Cameracensium qui décrit l’épiscopat de Gérard. Dans la première des deux rédactions, datée de 1024-1025 et composée sous le contrôle de Gérard, ne sont formulées que des objections ponctuelles. Le second auteur, qui écrit entre 1051 et 1054 sur des événements qui ont eu lieu vingt ans plus tôt, développe un argumentaire plus subtil et plus complexe que son prédécesseur contre la Paix de Dieu comme forme de régulation sociale. Si cette approche est différente, c’est que la Paix de Dieu est apparue comme une menace plus profonde contre l’ordre social au cours des années 1030. En somme, il semble bien que la nécessité d’argumenter contre la Paix de Dieu ait été la principale raison de l’achèvement du troisième livre des Gesta. The Peace of God in the Gesta episcoporum CameracensiumGerard I of Cambrai (1012-1051), unlike most other bishops of his time, opposed the Peace of God movement because, according to him, it challenged the traditional view on the monarch’s and bishop’s role as warrantors of social peace and order. His opposition is depicted in book III of the Gesta episcoporum Cameracensium, which describes Gerard’s tenure as bishop. In the first of two redactions, written in 1024-1025 under Gerard’s supervision, he only formulated punctual objections against the Peace of God. The second author, who wrote between 1051 and 1054 about events that took place twenty years earlier, developed a more subtle and elaborate argument against the Peace as a form of social regulation. The reason for the different approach used by the second author is that the threat of the Peace of God was greater during the 1030s than it had been a decade earlier. That is why the argument against the Peace in the second redaction was possibly the main reason for the completion of book III.