Di Liberto, Aurore
Analyse des parcellaires antiques. Approche méthodologique et étude de cas en Gaule du nord et en Bretagne romaine
- 2023.
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La structuration du paysage est un phénomène qui a toujours existé dès lors que l’Homme s’est sédentarisé, qu’il s’est approprié le territoire et donc a modifié son environnement, que ce soit pour l’agriculture et l’élevage en milieu rural ou pour l’habitat et les centres de pouvoir en milieu urbain ou aggloméré. Le milieu est façonné physiquement et répond à des normes telles que la propriété et l’usage du sol. Ainsi, on sait par les écrits des agrimensores, que les Romains posaient rigoureusement les limites des terres notamment lorsqu’ils installaient une colonie sur un nouveau territoire. On connaît alors les normes imposées et le module métrique de base, l’ actus. Pour autant, ce mode d’établissement n’était pas systématique et devait probablement s’adapter à l’environnement local, voire garder tout ou partie d’un système préexistant. Si les textes anciens fixent un cadre théorique de cette administration, ils ne décrivent pas la réalité du terrain. Le recours aux archives du sol, notamment par l’archéologie, permet d’en mesurer l’application dans l’environnement, c’est-à-dire d’étudier les traces concrètes de la parcellisation ancienne.Par ailleurs, la morphologie parcellaire et la modification de l’environnement répondent à une évolution sur le temps long et à des échelles variables. Il est alors difficile de reconnaître et d’appréhender le visage de ces territoires aux époques anciennes. Ainsi, une branche récente de l’archéologie, nommée archéogéographie, permet aujourd’hui d’utiliser diverses techniques telles que l’analyse régressive, afin de mieux interpréter les différentes structures fossoyées découvertes et de les situer dans un environnement plus large, dépassant la seule échelle du site archéologique. The structuring and alteration of landscapes is a phenomenon that has always existed, from as soon as humans ‘settled down’, appropriated territory and began to modify the environment, whether for agriculture and livestock farming in rural areas or for housing and power centres in urban or conurbated areas. The environment is physically shaped and inscribed to norms such as land ownership and use. Thus, we know from the writings of ancient agrimesores that the Romans rigorously set land boundaries, particularly when they established a colony in a new territory. We know the standards imposed and the basic metric module, the actus. However, this method of establishment was not systematically applied and probably had to be adapted to the local environment, or even to keep all or part of a pre-existing system. Although the ancient texts provide a theoretical framework for such land administration, they do not describe the reality on the ground. Recourse to soil archives, particularly through archaeology, makes it possible to measure its application in the environment, that is to say, to study the concrete traces of ancient parceling of the land. However, the morphology of these field systems is subject to on-going modification of the environment through a long-term evolution, and on variable scales. It is therefore difficult to recognise and understand the appearance of these territories in ancient times. Thus, a recent branch of archaeology, called archaeogeography, now focuses on various techniques such as regression analysis, in order to better interpret the various fossilized structures discovered in the landscape and to situate them in a larger environment, going beyond the scale of the archaeological site.