Dumitru, Speranta
L'éthique du débat sur la fuite des cerveaux
- 2009.
64
Cet article analyse les engagements éthiques qui pèsent sur la méthodologie des recherches sur « la fuite des cerveaux » et qui conduisent les participants au débat public à remettre en cause le droit fondamental d’émigrer pour les personnes qualifiées. Nous identifions cinq présupposés de ce débat : au conséquentialisme, au prioritarisme et au nationalisme, nous ajoutons les biais que nous appelons « sédentaristes » et élitistes. Cette analyse nous permettra de montrer que même si l’émigration des plus talentueux représentait une perte pour le pays d’origine, cette perte n’est pas une raison suffisante pour exiger que les migrants qualifiés la compensent, que ce soit par le paiement d’un impôt (la taxe Bhagwati) ou par un refus du droit d’émigrer. En outre, voir l’investissement public dans l’éducation comme une source d’obligation pour les migrants, c’est considérer l’éducation comme une source de dividendes, plutôt qu’un accès à l’opportunité que les générations présentes doivent aux générations qui les suivent. This article is devoted to analysing the ethical commitments underlying research methodology on “brain drain” and leading participants in the public debate to deny the human right of emigration for skilled persons. Here, we identify five such commitments : to consequentialism, prioritarianism and nationalism, we add sedentarism and elitism. Based on this analysis, we argue that even though the emigration of the most talented would be a loss for the country of origin, this loss is not sufficient to require that migrants themselves compensate it – either by tax payments (e.g. Bhagwati’s tax proposal) or by not exercising their right to emigrate. Moreover, to interpret public investment in education as the source of migrants’ further obligations to their country is to view education rather as a source of dividends than an access to opportunity that present generations owe to futures ones. Este artículo analiza los compromisos éticos que implica la metodología de la investigación sobre la “fuga de cerebros” y que conducen a los que participan en el debate público a cuestionar el derecho a la emigración de personas calificadas. Se identifican cinco presupuestos de este debate : el consecuencialismo, el prioritarismo y el nacionalismo, así como lo que llamamos “sedentarismo” y elitismo. Este análisis muestra que, si bien la emigración de talentos representa una pérdida para el país de origen, ésta no es razón suficiente para exigir que los migrantes cualificados la compensen, ya sea mediante el pago de un impuesto (la tasa Bhagwati) o a través de la denegación del derecho a emigrar. Además, ver la inversión pública en educación como fundamento de obligaciones para los migrantes es considerar la educación más como una fuente de dividendos que como un acceso a oportunidades que las generaciones actuales deben a las que siguen.