Rideau, Gaël
Pratiques testamentaires à Orléans, 1667-1787
- 2011.
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Sur le plan des pratiques, le testament orléanais enregistre un recul net des gestes (messes, fondations, don), surtout populaires, autour de la décennie 1740. Cependant, ce recul quantitatif s’accompagne surtout d’une mutation de la nature des pratiques et du testament dont rend compte une lecture globale de l’acte qui croise contenu et statut du document. Il ne s’agit donc pas ici de fournir un nouvel échantillon testamentaire, mais de montrer comment le testament se vide au XVIIIe siècle, et devient un indicateur majeur des modifications du vécu religieux. D’une part, sa confrontation avec d’autres sources (frais funéraires, inventaires après décès) souligne la promotion d’une sphère privée. D’autre part, l’affirmation d’une dimension successorale illustre en parallèle la recomposition plus personnelle de la sphère religieuse. Loin de mesurer une déchristianisation, le testament est l’indice d’une individualisation où la rédaction de l’acte ne décline plus automatiquement un modèle religieux mais révèle une dimension personnelle. Ever since Michel Vovelle’s study of Provence, wills have been linked with secularisation. While several studies have shown how (chronologically and socially) religious practices decreased, the precise significance of wills in a religious context is also an important issue. It is a question that can only be answered by a global analysis of the status of wills in combination with other documents (like probate inventories) and changes in religious practice. In this respect eighteenth-century Orleans is a useful case study ; the turning point in testamentary practices is situated in the 1740s and craftsmen lead the way. While testamentary demands decrease and wills grow more silent, especially concerning funeral arrangements, probate inventories show that such practices are still current. Above all, they become more individualised in the wills themselves. Thus a will does not have the same meaning in 1780 as in 1700. This suggests that wills reveal more a process of individualisation than of secularisation.