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Performativité de la critique

Par : Contributeur(s) : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2021. Ressources en ligne : Abrégé : Nul n’oserait soutenir que le savoir de l’architecte n’est pas un savoir critique. La critique du monde est en effet inhérente à tout projet qui vise à le transformer. Néanmoins, l’ampleur de la perspective ouverte par la conscience critique est un produit historique, qui change avec le temps. Depuis une quarantaine d’années (au moins depuis qu’on a accusé les architectes italiens d’opérer un « repli stratégique de l’architecture moderne »), une certaine notion de savoir « critique » assume une fonction de plus en plus prépondérante. Après la crise du lien supposé par les modernes entre langage architectural, programme de transformation sociale et perspectives éthiques, le concepteur n’agit plus seulement en fonction d’une disposition déterminée dans l’espace et le temps ; mais à travers le projet il ouvre un discours sur le monde qui présuppose d’autres espaces et temps futurs invérifiables. C’est ce qui s’est passé en Italie entre les années 1950 et 1980, où le projet a été interprété comme le véhicule neutre d’un discours élaboré principalement dans la tête de l’architecte. La prévalence de l’intention permet ainsi à l’architecte de proposer sa propre « vision du monde », dont la légitimité, fondée sur l’origine et non sur les effets, n’a pas besoin d’être négociée avec quiconque, et court constamment le risque d’être autoréférentiel. Si en revanche le projet se comprend comme le produit d’une stratégie continuellement déviée par un certain nombre d’instances, alors la condition critique perd son statut de tierce partie, et entre dans le jeu de l’action comme un outil parmi d’autres de la performance du projet. Placer le savoir critique à l’intérieur, et non au-dessus, du travail pratique permet d’ouvrir une réflexion systématique sur la puissance du projet. Cela implique un déplacement de l’attention du sujet-auteur vers l’objet-projet, et permet un traitement analytique et vérifiable des pratiques projectuelles. L’action projectuelle peut en effet se comprendre comme un ensemble spécifique de compétences et de pouvoirs à mi-chemin entre technique et politique, dimension bureaucratique et symbolique, prévision et narration.
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Nul n’oserait soutenir que le savoir de l’architecte n’est pas un savoir critique. La critique du monde est en effet inhérente à tout projet qui vise à le transformer. Néanmoins, l’ampleur de la perspective ouverte par la conscience critique est un produit historique, qui change avec le temps. Depuis une quarantaine d’années (au moins depuis qu’on a accusé les architectes italiens d’opérer un « repli stratégique de l’architecture moderne »), une certaine notion de savoir « critique » assume une fonction de plus en plus prépondérante. Après la crise du lien supposé par les modernes entre langage architectural, programme de transformation sociale et perspectives éthiques, le concepteur n’agit plus seulement en fonction d’une disposition déterminée dans l’espace et le temps ; mais à travers le projet il ouvre un discours sur le monde qui présuppose d’autres espaces et temps futurs invérifiables. C’est ce qui s’est passé en Italie entre les années 1950 et 1980, où le projet a été interprété comme le véhicule neutre d’un discours élaboré principalement dans la tête de l’architecte. La prévalence de l’intention permet ainsi à l’architecte de proposer sa propre « vision du monde », dont la légitimité, fondée sur l’origine et non sur les effets, n’a pas besoin d’être négociée avec quiconque, et court constamment le risque d’être autoréférentiel. Si en revanche le projet se comprend comme le produit d’une stratégie continuellement déviée par un certain nombre d’instances, alors la condition critique perd son statut de tierce partie, et entre dans le jeu de l’action comme un outil parmi d’autres de la performance du projet. Placer le savoir critique à l’intérieur, et non au-dessus, du travail pratique permet d’ouvrir une réflexion systématique sur la puissance du projet. Cela implique un déplacement de l’attention du sujet-auteur vers l’objet-projet, et permet un traitement analytique et vérifiable des pratiques projectuelles. L’action projectuelle peut en effet se comprendre comme un ensemble spécifique de compétences et de pouvoirs à mi-chemin entre technique et politique, dimension bureaucratique et symbolique, prévision et narration.

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