La forme de la ville
Type de matériel :
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J’ai choisi une ville : la ville d’Orte. C’est-à-dire que j’ai pris pour thème la forme d’une ville, le profil d’une ville. Voilà ce que je voudrais dire : j’ai fait un cadrage qui faisait voir d’abord seulement la ville d’Orte dans la perfection de son style, en tant que forme parfaite, absolue. C’est plus ou moins un cadrage comme celui-ci. Il suffit que je bouge ce truc-là sur la caméra et voilà que la forme de la ville, le profil de la ville, la masse architecturale de la ville est compromise, détruite, défigurée par un corps étranger. Il s’agit de cet immeuble, à gauche. Le vois-tu ? Voilà le problème dont je souhaite parler avec toi, parce que je suis incapable de parler dans l’abstrait, dans le vide, pour un public de télévision qui est je ne sais où. Je parle avec toi qui m’as suivi dans tout mon travail et m’as souvent vu affronter ce problème. Quand je suis allé tourner hors d’Italie, au Maroc, en Iran, en Érythrée, j’ai souvent été confronté à cette difficulté pour tourner une scène où l’on voit une ville tout entière, intègre. Combien de fois tu m’as vu souffrir, m’énerver, jurer en voyant ce dessin, cette pureté absolue de la forme de la ville abîmés par la présence d’un objet moderne qui n’avait rien à voir avec la forme de la ville, avec ce profil que j’avais choisi.
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