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Esthétique de l'émotion : du visible à l'invisible

Par : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2006. Sujet(s) : Ressources en ligne : Abrégé : Cet article se propose d’interroger les racines de l’émotion esthétique, et plus particulièrement des émotions tragiques. La « terreur » et la « pitié » mettent en jeu l’ébranlement de la subjectivité face à une altérité qui la dépossède de ses pouvoirs. La théorie réflexe de l’émotion (W. James etc.) apparaît vite comme insuffisante, et doit être dépassée par un point de vue phénoménologique. Les analyses de Sartre nous permettent de dégager le rapport fondamental de l’émotion à l’autre comme « étrangeté », et l’émotion elle-même comme tentative de protection magique face à ce surgissement de l’altérité. Mais l’approche sartrienne reste encore descriptive. Les analyses de Pierre Kaufmann (in l’Expérience émotionnelle de l’espace ) nous permettent de saisir cette dépendance du sujet comme « dessaisissement » : ce n’est plus la rencontre concrète avec autrui qui est au cœur de l’émotion, mais la faille soudaine qui s’ouvre dans la capacité de donner sens au monde. Et c’est à la fois pour rendre compte de cette faille, et pour reconstruire une signification que l’art apparaît comme le lieu majeur d’expression de l’émotion. Freud, de ce point de vue, peut interpréter l’émotion tragique comme reviviscence du drame le plus ancien de l’humanité, mais rendue supportable par l’organisation de la scène : l’art est mise en scène spectaculaire, visible, du fond invisible de toute émotion.Abrégé : This paper questions the roots of aesthetic emotion and more precisely those of tragic emotions. The two tragic emotions of “fear” and “compassion”, deal with the necessity of giving up one’s powers when one faces “otherness”. William James’s reflex and peripheral theory proves insufficient. We should turn to Sartre’s phenomenological approach to grasp the important role that the “other”, in all its “strangeness”, plays in the upsurge of emotion. Emotion itself is understood as a kind of magical protection against this strangeness. Yet Sartre’s phenomenological approach proves yet again too descriptive. Indeed, according to Pierre Kaufmann (in L’expérience émotionnelle de l’espace ) one does not have to meet the “other” face to face to experience the deepest emotions : we are dealing with a sudden gap in our very being, which questions our ability to give meaning to the world. Art can be understood as the very attempt to rebuild a world through the expression of emotion itself. Hence Freud’s attempt to interpret tragic emotion as a revival of mankind’s most ancient trauma. The scenic organization of the play help us enjoy what should destroy us : art is a means to give a visible shape to the invisible basis of all emotion.
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Cet article se propose d’interroger les racines de l’émotion esthétique, et plus particulièrement des émotions tragiques. La « terreur » et la « pitié » mettent en jeu l’ébranlement de la subjectivité face à une altérité qui la dépossède de ses pouvoirs. La théorie réflexe de l’émotion (W. James etc.) apparaît vite comme insuffisante, et doit être dépassée par un point de vue phénoménologique. Les analyses de Sartre nous permettent de dégager le rapport fondamental de l’émotion à l’autre comme « étrangeté », et l’émotion elle-même comme tentative de protection magique face à ce surgissement de l’altérité. Mais l’approche sartrienne reste encore descriptive. Les analyses de Pierre Kaufmann (in l’Expérience émotionnelle de l’espace ) nous permettent de saisir cette dépendance du sujet comme « dessaisissement » : ce n’est plus la rencontre concrète avec autrui qui est au cœur de l’émotion, mais la faille soudaine qui s’ouvre dans la capacité de donner sens au monde. Et c’est à la fois pour rendre compte de cette faille, et pour reconstruire une signification que l’art apparaît comme le lieu majeur d’expression de l’émotion. Freud, de ce point de vue, peut interpréter l’émotion tragique comme reviviscence du drame le plus ancien de l’humanité, mais rendue supportable par l’organisation de la scène : l’art est mise en scène spectaculaire, visible, du fond invisible de toute émotion.

This paper questions the roots of aesthetic emotion and more precisely those of tragic emotions. The two tragic emotions of “fear” and “compassion”, deal with the necessity of giving up one’s powers when one faces “otherness”. William James’s reflex and peripheral theory proves insufficient. We should turn to Sartre’s phenomenological approach to grasp the important role that the “other”, in all its “strangeness”, plays in the upsurge of emotion. Emotion itself is understood as a kind of magical protection against this strangeness. Yet Sartre’s phenomenological approach proves yet again too descriptive. Indeed, according to Pierre Kaufmann (in L’expérience émotionnelle de l’espace ) one does not have to meet the “other” face to face to experience the deepest emotions : we are dealing with a sudden gap in our very being, which questions our ability to give meaning to the world. Art can be understood as the very attempt to rebuild a world through the expression of emotion itself. Hence Freud’s attempt to interpret tragic emotion as a revival of mankind’s most ancient trauma. The scenic organization of the play help us enjoy what should destroy us : art is a means to give a visible shape to the invisible basis of all emotion.

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