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The Redefinition of Poetic Authority in Early Greek Philosophical Poetry

Par : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2018. Sujet(s) : Ressources en ligne : Abrégé : RésuméDans le contexte compétitif qui caractérise la production et la diffusion publique de la poésie dans la Grèce archaïque, le problème de l’autorité poétique – c’est-à-dire de la façon dont les poètes cherchaient à enraciner leurs affirmations en termes de sagesse et de prouver ainsi leur supériorité sur leurs rivaux – était d’une importance cruciale. Puisque la possession de la sagesse poétique entraînait la capacité d’offrir un récit authentique d’événements mythiques, y compris l’origine et l’organisation du cosmos, le problème de l’autorité poétique dérivait en fin de compte de la question épistémologique de la capacité des êtres humains d’avoir accès à la connaissance. Dans le présent article, j’examine la façon dont le problème de l’autorité poétique est abordé par Xénophane, Parménide et Empédocle. Selon moi, chacun d’eux propose une solution qui implique la modification de certaines des bases mêmes de la tradition poétique. En particulier, j’évalue leurs réponses à la question par rapport aux poèmes d’Homère et d’Hésiode. Chez Homère, l’authenticité de la narration dépend de la capacité du poète de raconter les événements dans l’ordre où ils se sont produits. Or, le poète ne pouvant connaître que ce dont il a été directement témoin, il est épistémologiquement incapable de narrer les événements spatio-temporellement distants qui constituent l’objet de son chant sans aide divine. Dans ce scénario, l’autorité poétique est garantie par l’inspiration divine, qui représente l’unique manière dont les êtres humains peuvent avoir accès à la connaissance. Cette relation apparemment simple entre le poète et la divinité est problématisée par Hésiode dans la Théogonie. En effet, le pouvoir des Muses de raconter à la fois des choses fausses qui semblent authentiques et des vérités ( Théogonie, 27-18) laisse le poète dans un statut d’incertitude sans issue en ce qui concerne le contenu de l’inspiration divine. Bien qu’Hésiode cherche à garantir la fiabilité de son récit en détaillant la scène complexe de son investiture poétique, les limites épistémiques inhérentes à la condition des mortels ne l’en empêchent pas moins de décider de la vérité des révélations des Muses. Xénophane lui aussi estime que les possibilités épistémiques des humains sont essentiellement limitées, mais son rejet de l’inspiration divine compromet toute revendication traditionnelle de la vérité basée sur une communication directe entre dieux et mortels. Toutefois, les hommes peuvent toujours construire, sur le mode de l’investigation, un système stable d’opinions reposant sur des observations empiriques. Dans ce contexte, l’autorité et la sagesse poétiques consistent en la capacité du poète de rendre compte mieux que d’autres de données empiriques, comme Xénophane prétend lui-même le faire dans son enseignement. D’une manière différente d’Hésiode, Parménide présente son explication de l’Étant comme vraie sans ambiguïté. Selon moi, la doctrine de l’Étant chez Parmémide implique une redéfinition de la notion de vérité ( alètheia) en termes de déduction logique qui garantit la validité de la manière dont Parménide en rend compte et par conséquent, sa prétention à l’autorité. En effet, puisque les propriétés de l’Étant que Parménide apprend de la déesse sont déduites en s’appuyant sur le principe de non-contradiction, le poète et son public peuvent effectivement tester de l’authenticité de la révélation divine et donc s’assurer de sa vérité. La prétention d’Empédocle à l’autorité poétique se manifeste dans ses invocations à la Muse dans les fragments B3 et B131. Si dans B3, en appliquant à la Muse l’épithète polymnèstè – la même qu’Homère emploie à propos de Pénélope –, Empédocle met l’accent sur sa relation privilégiée avec la déesse, dans B131 il insiste sur le rôle autonome qu’il joue dans la composition de sa poésie en caractérisant son rapport à la Muse comme une alliance à laquelle il contribue activement. L’assurance d’Empédocle repose sur le statut surhumain qu’il s’attribue, aussi bien comme daimôn que comme un dieu, statut qui lui vaut une expérience directe du processus du mélange et de la séparation des éléments, et partant la capacité de présenter une explication complète et fiable du fonctionnement du cosmos.Abrégé : In the competitive context which characterized the production and performance of poetry in Archaic Greece, the problem of poetic authority – that is, how poets sought to ground their claims to wisdom and thereby prove their superiority over rivals – was of critical importance. Since the possession of poetic wisdom entailed the ability to provide a true account of mythical events, even the birth and order of the cosmos, the problem of poetic authority ultimately stemmed from the epistemological issue concerning the capacity of human beings to attain knowledge. In this paper, I examine how the problem of poetic authority was dealt with by Xenophanes, Parmenides, and Empedocles. As I argue, each of them proposed a solution that involved the modification of some of the basic tenets of poetic tradition. In particular, I evaluate their responses to the issue against the background of the Homeric and Hesiodic poems. In Homer, the truth of narration depends on the poet’s capacity to relate events by reproducing the order in which they took place. However, since a poet can know only that which he has directly witnessed, he is epistemically incapable of narrating the spatio-temporally remote events that constitute the object of his song without divine aid. In this scenario, poetic authority is guaranteed by divine inspiration, which represents the only way for humans to get access to knowledge. This apparently straightforward relation between poet and divinity is problematized by Hesiod in the Theogony. For the Muses’ ability to tell both false things resembling genuine ones and truths ( Theogony, 27-28) leaves the poet in a status of unsolvable uncertainty as regards the content of divine inspiration. Although Hesiod seeks to guarantee the reliability of his account by elaborating the complex scene of his poetic investiture, the epistemic limitations inherent in mortal condition still prevent him from deciding on the truth of the Muses’ revelation. Xenophanes too thinks that men’s epistemic possibilities are essentially limited, but his rejection of divine inspiration undermines any traditional claim to authority based on a direct communication between mortals and gods. However, through enquiry men can still build a stable system of opinions grounded on empirical observations. In this context, poetic authority and wisdom consist in the poet’s ability to account for empirical data better than others, as Xenophanes himself claims to do through his teachings. Differently from Hesiod, Parmenides presents his account of What-Is as unambiguously true. As I argue, Parmenides’ doctrine of What-Is involves a redefinition of the notion of truth ( alētheia) in terms of logical deduction which substantiates the validity of Parmenides’ poetic account and, as a consequence, his claim to authority. Indeed, since the properties of What-Is which Parmenides apprehends from the goddess are deduced by resorting to Principle of Non-Contradiction, the poet and the audience can actually test the correctness of divine revelation and thus be assured of its truth. Empedocles’ claim to poetic authority is made manifest by his invocations to the Muse in fragments B3 and B131. While in B3, by attributing to the Muse the epithet polymnēstē, the same which Homer employs for Penelope, Empedocles stresses his privileged relationship with the goddess, in B131 he emphasizes his autonomous role in the composition of his poetry by characterizing his relation to the Muse as an alliance to which he actively contributes. Empedocles’ confidence is grounded in his self-declared superhuman status, both as a daimōn and a god, which grants him a first-hand experience of the process of mixing and separating of the elements, and thereby the capacity to offer a comprehensive and reliable account of the functioning of the cosmos.
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RésuméDans le contexte compétitif qui caractérise la production et la diffusion publique de la poésie dans la Grèce archaïque, le problème de l’autorité poétique – c’est-à-dire de la façon dont les poètes cherchaient à enraciner leurs affirmations en termes de sagesse et de prouver ainsi leur supériorité sur leurs rivaux – était d’une importance cruciale. Puisque la possession de la sagesse poétique entraînait la capacité d’offrir un récit authentique d’événements mythiques, y compris l’origine et l’organisation du cosmos, le problème de l’autorité poétique dérivait en fin de compte de la question épistémologique de la capacité des êtres humains d’avoir accès à la connaissance. Dans le présent article, j’examine la façon dont le problème de l’autorité poétique est abordé par Xénophane, Parménide et Empédocle. Selon moi, chacun d’eux propose une solution qui implique la modification de certaines des bases mêmes de la tradition poétique. En particulier, j’évalue leurs réponses à la question par rapport aux poèmes d’Homère et d’Hésiode. Chez Homère, l’authenticité de la narration dépend de la capacité du poète de raconter les événements dans l’ordre où ils se sont produits. Or, le poète ne pouvant connaître que ce dont il a été directement témoin, il est épistémologiquement incapable de narrer les événements spatio-temporellement distants qui constituent l’objet de son chant sans aide divine. Dans ce scénario, l’autorité poétique est garantie par l’inspiration divine, qui représente l’unique manière dont les êtres humains peuvent avoir accès à la connaissance. Cette relation apparemment simple entre le poète et la divinité est problématisée par Hésiode dans la Théogonie. En effet, le pouvoir des Muses de raconter à la fois des choses fausses qui semblent authentiques et des vérités ( Théogonie, 27-18) laisse le poète dans un statut d’incertitude sans issue en ce qui concerne le contenu de l’inspiration divine. Bien qu’Hésiode cherche à garantir la fiabilité de son récit en détaillant la scène complexe de son investiture poétique, les limites épistémiques inhérentes à la condition des mortels ne l’en empêchent pas moins de décider de la vérité des révélations des Muses. Xénophane lui aussi estime que les possibilités épistémiques des humains sont essentiellement limitées, mais son rejet de l’inspiration divine compromet toute revendication traditionnelle de la vérité basée sur une communication directe entre dieux et mortels. Toutefois, les hommes peuvent toujours construire, sur le mode de l’investigation, un système stable d’opinions reposant sur des observations empiriques. Dans ce contexte, l’autorité et la sagesse poétiques consistent en la capacité du poète de rendre compte mieux que d’autres de données empiriques, comme Xénophane prétend lui-même le faire dans son enseignement. D’une manière différente d’Hésiode, Parménide présente son explication de l’Étant comme vraie sans ambiguïté. Selon moi, la doctrine de l’Étant chez Parmémide implique une redéfinition de la notion de vérité ( alètheia) en termes de déduction logique qui garantit la validité de la manière dont Parménide en rend compte et par conséquent, sa prétention à l’autorité. En effet, puisque les propriétés de l’Étant que Parménide apprend de la déesse sont déduites en s’appuyant sur le principe de non-contradiction, le poète et son public peuvent effectivement tester de l’authenticité de la révélation divine et donc s’assurer de sa vérité. La prétention d’Empédocle à l’autorité poétique se manifeste dans ses invocations à la Muse dans les fragments B3 et B131. Si dans B3, en appliquant à la Muse l’épithète polymnèstè – la même qu’Homère emploie à propos de Pénélope –, Empédocle met l’accent sur sa relation privilégiée avec la déesse, dans B131 il insiste sur le rôle autonome qu’il joue dans la composition de sa poésie en caractérisant son rapport à la Muse comme une alliance à laquelle il contribue activement. L’assurance d’Empédocle repose sur le statut surhumain qu’il s’attribue, aussi bien comme daimôn que comme un dieu, statut qui lui vaut une expérience directe du processus du mélange et de la séparation des éléments, et partant la capacité de présenter une explication complète et fiable du fonctionnement du cosmos.

In the competitive context which characterized the production and performance of poetry in Archaic Greece, the problem of poetic authority – that is, how poets sought to ground their claims to wisdom and thereby prove their superiority over rivals – was of critical importance. Since the possession of poetic wisdom entailed the ability to provide a true account of mythical events, even the birth and order of the cosmos, the problem of poetic authority ultimately stemmed from the epistemological issue concerning the capacity of human beings to attain knowledge. In this paper, I examine how the problem of poetic authority was dealt with by Xenophanes, Parmenides, and Empedocles. As I argue, each of them proposed a solution that involved the modification of some of the basic tenets of poetic tradition. In particular, I evaluate their responses to the issue against the background of the Homeric and Hesiodic poems. In Homer, the truth of narration depends on the poet’s capacity to relate events by reproducing the order in which they took place. However, since a poet can know only that which he has directly witnessed, he is epistemically incapable of narrating the spatio-temporally remote events that constitute the object of his song without divine aid. In this scenario, poetic authority is guaranteed by divine inspiration, which represents the only way for humans to get access to knowledge. This apparently straightforward relation between poet and divinity is problematized by Hesiod in the Theogony. For the Muses’ ability to tell both false things resembling genuine ones and truths ( Theogony, 27-28) leaves the poet in a status of unsolvable uncertainty as regards the content of divine inspiration. Although Hesiod seeks to guarantee the reliability of his account by elaborating the complex scene of his poetic investiture, the epistemic limitations inherent in mortal condition still prevent him from deciding on the truth of the Muses’ revelation. Xenophanes too thinks that men’s epistemic possibilities are essentially limited, but his rejection of divine inspiration undermines any traditional claim to authority based on a direct communication between mortals and gods. However, through enquiry men can still build a stable system of opinions grounded on empirical observations. In this context, poetic authority and wisdom consist in the poet’s ability to account for empirical data better than others, as Xenophanes himself claims to do through his teachings. Differently from Hesiod, Parmenides presents his account of What-Is as unambiguously true. As I argue, Parmenides’ doctrine of What-Is involves a redefinition of the notion of truth ( alētheia) in terms of logical deduction which substantiates the validity of Parmenides’ poetic account and, as a consequence, his claim to authority. Indeed, since the properties of What-Is which Parmenides apprehends from the goddess are deduced by resorting to Principle of Non-Contradiction, the poet and the audience can actually test the correctness of divine revelation and thus be assured of its truth. Empedocles’ claim to poetic authority is made manifest by his invocations to the Muse in fragments B3 and B131. While in B3, by attributing to the Muse the epithet polymnēstē, the same which Homer employs for Penelope, Empedocles stresses his privileged relationship with the goddess, in B131 he emphasizes his autonomous role in the composition of his poetry by characterizing his relation to the Muse as an alliance to which he actively contributes. Empedocles’ confidence is grounded in his self-declared superhuman status, both as a daimōn and a god, which grants him a first-hand experience of the process of mixing and separating of the elements, and thereby the capacity to offer a comprehensive and reliable account of the functioning of the cosmos.

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