La dépression prénatale. Approche psychopathologique selon le modèle kleinien
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La grossesse est associée au merveilleux, au sacré et à la finalité d’une relation amoureuse. Il est donc « peu convenable » de dire son mal être, ses doutes et son ambivalence lors de cette période de vie, au risque d’être « indigne » et incompétente dans la « mission » de porter et de donner vie à un enfant. La dépression prénatale est peu documentée et compte peu de recherches notamment en France. Les travaux de référence sont anglo-saxons, ceux-ci ont conclu à une prévalence des dépressions prénatales à hauteur de 12 à 17 % avec la notion que 50 % des dépressions du post partum ne sont que la continuité de dépressions prénatales non dépistées et non traitées (J. Heron, 2004). Malgré ces apports, cette entité clinique reste peu diagnostiquée contrairement à la dépression post natale qui représente une priorité en matière de santé mentale, elle a de ce fait été mise dans les cahiers des charges des réseaux périnatalité selon les recommandations du plan périnatalité 2005-2007. En 2013, nous avons mené une recherche dans le cadre d’une démarche universitaire autour des dépressions prénatales, et ce, à partir de l’une des plus grandes maternités de France, à savoir celle du Centre Hospitalier de Pontoise qui compte près de 5000 accouchements par an. Cette recherche a pu inclure 439 femmes enceintes et a conclu à une prévalence de 13 % des dépressions prénatales. Outre des critères neuroscientifiques, nous avons déterminé des spécificités cliniques et psychopathologiques se rapportant à ce type de dépression. Autant de critères nécessaires à l’abord diagnostique et thérapeutique. Ce texte présente une lecture psychodynamique de ces critères, selon le modèle kleinien.
Pregnancy is associated with the sacred and wondrous, the ultimate expression of a love relationship. It is not considered ‘seemly’ to express feelings of unhappiness, doubt or ambivalence during this period, and the woman who dares do so runs the risk of being considered ‘unworthy’ or incompetent for the ‘task’ of carrying and giving birth to a child. Antenatal depression is an ill-documented phenomenon and very little research is carried out into this subject in France. The main studies of reference come from the English-speaking world and they have pointed to prenatal depressions among 12-17 % of all pregnant women, with up to 50 % of postnatal depressions being mere continuations of antenatal depressions which were neither diagnosed or treated (J. Heron, Bristol 2004). Despite this information, very few antenatal depressions are diagnosed today, unlike postnatal depression which is considered to be a mental health priority and as such has been included among the specifications of the national perinatal system, following guidelines laid down in the 2005-2007 perinatal plan. In 2013, the authors of this paper carried out academic research into the question of antenatal depression in one of France’s largest maternity unites – the Centre Hospitalier de Pontoise where over 5 000 women give birth each year. The research involved 439 women and identified a rate of antenatal depression at 13 %. Over and above neuroscientific criteria, this research enabled us to identify some of the clinical and psychopathological specificities of this form of depression, criteria which are essential in diagnosing and treating the condition. This paper presents a psycho-dynamic reading of these criteria in the light of the Kleinian model.
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