Les origines du Refuge huguenot : protestants et magistrats des villes au temps des premières guerres de Religion (1562-1572)
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This article deals with the triggering elements of the first Huguenot refuge in the second half of the 16th century, less known than that which followed the revocation of the Edict of Nantes. He focuses his attention on several towns in the northern half of France, during the decade 1562-1572, which marked a clear decline in local Reformed communities. The objective is to qualify the notion of religious persecution which is readily used to describe the severe measures of deprivation of liberty and property, as well as ostracism, to which protestant people are then subjected by local authorities, in this case municipal. Legal, targeted and measured violence, not to be confused with the spontaneous, uncontrollable violence suffered by local Protestants, must, in fact, be replaced in its military-political and legal-institutional context and put into relation with the imperatives of public security to which city councilors are subject, especially in times of open war, even civil. However, there is no doubt that the municipal magistrates, conservative Catholics, took advantage of these exceptional circumstances to make their unanimous conception of the public good prevail, incompatible with the maintenance of religious dissidence, considered by many contemporaries as a source of possible destruction of the urban community.
Cet article traite des éléments déclencheurs du premier refuge huguenot de la deuxième moitié du xvie siècle, moins connu que celui qui a fait suite à la révocation de l’édit de Nantes. Il porte son attention sur plusieurs villes de la moitié nord de la France, pendant la décennie 1562-1572, qui a marqué un net déclin des communautés réformées locales. L’objectif est de nuancer la notion de persécution religieuse qu’on emploie volontiers pour qualifier les mesures sévères de privation de liberté et de biens, ainsi que d’ostracisme, dont les religionnaires font alors l’objet de la part des autorités locales, en l’occurrence municipales. La violence légale, ciblée et dosée, à ne pas confondre avec la violence spontanée, incontrôlable, que subissent les protestants du cru doit, en effet, être replacée dans son contexte militaro-politique et juridico-institutionnel et mise en relation avec les impératifs de sûreté publique auxquels les édiles sont assujettis, a fortiori en temps de guerre ouverte, même civile. Toutefois, il n’est pas douteux que les magistrats municipaux, catholiques conservateurs, ont profité de ces circonstances exceptionnelles, pour faire prévaloir leur conception unanimiste du bien public, incompatible avec le maintien d’une dissidence religieuse, considérée par de nombreux contemporains comme source possible de la destruction de la communauté citadine.
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