Anna Freud et l’Holocauste : deuil et culpabilité du survivant
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L’auteur de cet article étudie la période de la vie d’Anna Freud à compter du moment où elle prend connaissance de la mort de ses tantes dans les camps de concentration nazis au cours de la Deuxième guerre mondiale. La compréhension de cette période peut être enrichie si l’on prend en considération le rôle de l’Holocauste dans la complexité de son deuil. Ainsi, l’auteur réexamine une série de rêves d’Anna Freud à la lumière de la culpabilité du survivant et de la complexité du deuil de son père dans le contexte de l’Holocauste. L’auteur soutient que les reproches inconscients d’Anna Freud à l’égard de son père ont conduit à une identification à ce dernier incluant sa « décision » de laisser ses sœurs à Vienne. La culpabilité du survivant face au meurtre de ses tantes est considérée comme l’un des facteurs ayant complexifié le processus de deuil chez Anna Freud. L’auteur discute également du rôle que cette période a pu jouer, à en juger notamment par son travail avec les enfants survivants des camps de concentration, dans ses écrits d’après-guerre. La dualité que l’on observe dans son œuvre entre innovation et conservatisme est examinée sous l’angle de l’issue du processus de deuil inhérent à cette période. L’auteur soutient que les points de vue d’Anna Freud sur le deuil, le trauma, l’attachement, ainsi que l’ouverture du champ des indications de la psychanalyse qu’elle a opérée, ont été influencés par l’issue de son travail de deuil. Enfin, l’auteur note, non sans ironie, que son attitude à l’égard de l’altruisme ne changea jamais en dépit de l’altruisme de ceux qui contribuèrent à la sauver du nazisme.
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