Chapitre 5. Le « dopage cognitif » : signification et enjeux
Type de matériel :
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RésuméCet article interroge la portée et les enjeux propres à l’utilisation du terme « dopage » pour qualifier la consommation croissante de neuromédicaments. Il retrace l’histoire de la prise de substances à des fins d’amélioration cognitive et aborde les raisons pour lesquelles nous lui attribuons une connotation essentiellement négative. Dans le but d’évaluer le bienfondé de ce rejet moral, il passe au crible les éventuelles objections que nous pourrions émettre à l’encontre de la neuromédication, à l’échelle individuelle, puis sociétale. Il propose de restituer le concept de « dopage » au sein de notre héritage culturel, caractérisé par les idéaux contradictoires que sont l’authenticité et le perfectionnement de soi, pour finalement prendre acte de la spécificité de notre époque qui privilégie quelque chose de l’ordre du dépassement personnel par la performance. Sans toutefois encenser les pratiques dopantes, cet article souligne le caractère stérile d’une éviction trop radicale du « dopage » intellectuel et/ou émotionnel, en contradiction avec nos actes et qui empêche de penser sereinement le recours à la médecine d’amélioration.
“Cognitive doping” : meaning and stakesThis article examines the scope and issues specific to using the term “doping” to describe the growing consumption of cognitive enhancers. It traces the history of the taking of substances for the purpose of improving brain functions and discusses the reasons for its negative connotation. In order to evaluate this moral rejection, it sifts through the possible objections that we could emit against the nootropics, at the individual and societal levels. It proposes to restore the concept of “doping” in our cultural heritage, characterized by the conflicting ideals of authenticity and self-improvement, to finally acknowledge the specificity of our time that has to do with personal achievement through performance. Without incensing doping practices, this article suggests that evincing radically intellectual and/or emotional “doping” is sterile, in contradiction with our actions and preventing us from thinking serenely the use of enhancing drugs.
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