En 1903, le journaliste britannique Edmund Morel entreprend de lancer une campagne européenne contre les abus du « caoutchouc rouge » (sanglant) de l’État indépendant du Congo, le futur Congo belge, alors soumis au pouvoir discrétionnaire de Léopold II, roi des Belges. Côté Congo français, les abus sont réputés moins criants. Néanmoins ils sont assez réels pour provoquer des remous dans la presse et au parlement au cours de l’année 1904-1905. En 1905, pour tenter de faire taire les rumeurs et calmer l’impatience des autres puissances coloniales de la région, les autorités françaises se sentent obligées de dépêcher sur place une mission d’inspection. Telle est l’origine de ce rapport rédigé par le ministère à partir des archives de la mission, qui fut jugé explosif et ne fut jamais publié. Pierre Savorgnan de Brazza (1852-1905) est un explorateur italien, naturalisé français, connu pour ses expéditions en Afrique centrale. Lors de sa vie, il est notamment au service du ministre des Colonies française. Tout en étant nommé commissaire général du Congo français en novembre 1885, il s'oppose à la décision de livrer les populations à la cupidité des sociétés capitalistes, et écrit le rapport Brazza qui dénonce les traitements inhumains infligés par les français au Congo.