Du travail du rêve de Freud au travail de la rêverie de Bion : l'évolution de la conception du rêve dans la théorie psychanalytique
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RésuméBion fit évoluer la théorie psychanalytique du travail du rêve élaborée par Freud vers une conception du rêve où celui-ci constitue l’aspect central du fonctionnement émotionnel. Dans cet article, je passe tout d’abord en revue les aspects historiques, théoriques et cliniques des conceptions du rêve chez Freud et chez Bion. Puis je propose deux idées liées entre elles qui, je crois, reflètent une rupture de Bion avec Freud concernant la théorisation du rêve. Bion pensait que tous les rêves sont un travail psychique en développement et il a suggéré que tous les rêves contiennent des éléments proches de l’hallucination visuelle. J’explore et j’élabore deux idées de Bion : 1) tous les rêves contiennent des fragments de l’expérience émotionnelle qui sont trop dérangeants pour être rêvés et 2) en analyse, le patient apporte un rêve avec l’espoir de recevoir une aide de l’analyste capable de poursuivre un travail inconscient partiellement ou totalement trop perturbant pour que le patient mène à bien ce travail par lui-même. Freud considère le rêve comme un phénomène mental permettant de comprendre comment fonctionne le psychisme, mais il pense que les rêves ne sont que « les gardiens du sommeil » et qu’ils ne sont pas, en eux-mêmes, des véhicules d’un travail psychologique inconscient et d’une croissance dès le moment où ils sont interprétés par l’analyste. Bion développa les idées de Freud tout en se démarquant de lui. Il renouvela la conception de l’activité onirique (NdT : dreaming) pour en faire un synonyme de la pensée émotionnelle inconsciente – un processus qui se poursuit tant durant l’éveil que durant le sommeil. À partir de cette perspective nouvelle quelque peu étonnante, il considère les rêves uniquement comme des manifestations de ce que le rêveur est incapable de rêver.
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