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Genèse d'un bilinguisme d'érudition : le cas d'intellectuels arabes en France

Par : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2009. Sujet(s) : Ressources en ligne : Abrégé : À l'inverse des études littéraires, la sociologie s’est jusqu’ici peu penchée sur les intellectuels ayant adopté une langue de travail différente de leur langue maternelle. En s’appuyant sur le cas d’intellectuels maghrébins et moyen-orientaux travaillant en français à Paris, cet article cherche à mettre en lumière les conditions socio-historiques à la base de ces phénomènes de bilinguisme scientifique. Il montre en particulier comment une connaissance précoce du français, acquise dès le pays d’origine des intellectuels, a permis à ces derniers de s’insérer dans les réseaux académiques français. L’article retrace les trajectoires d’apprentissage linguistique d'intellectuels arabes en les articulant à la fois à un cadre historique large (celui de l’influence culturelle française qui se développe avec les colonisations) et à un schéma sociologique qui montre comment, selon les pays, la francophonie a été l’apanage de groupes sociaux différents. À travers ces analyses, on cherche cependant à aller plus loin que la thèse du « colonialisme linguistique ». L’article montre en effet qu’une même situation de domination peut avoir, au niveau des langues, des retraductions différentes et, souvent, plus complexes qu’un simple schéma langue dominante/dominée ne le laisse penser. Le recours à des terrains différents, autant dans l’espace que dans le temps, permet d’apercevoir combien l’usage que des intellectuels font d’une langue « étrangère », le français, a pu varier : des intellectuels maghrébins élevés pendant la colonisation, bien qu’historiquement plus soumis à la domination coloniale, ont pu développer un rapport plus critique au français que ceux nés après les décolonisations. De la même façon, le rapport au français des intellectuels du Moyen-Orient doit être compris par rapport à la position sociale particulière que ces derniers occupent, et aux rapports particuliers qu’elle détermine à l’arabe. L’article propose donc d’affiner une approche politique du facteur linguistique en s’intéressant plus précisément aux usages que les intellectuels font des langues, montrant ainsi comment une langue, reçue dans une situation historique de domination, peut néanmoins être investie d’un sens qui ne lui est pas réductible.Abrégé : Arab intellectuals in France: the birth of an erudite bilingualism Contrary to what takes place in literary studies, sociology has up to now shown little interest in intellectuals who adopt a working language different from their own mother tongues. The case of intellectuals from North Africa and the Middle East working in French in Paris is the subject of this article, which seeks to cast some light on the socio-historical conditions underlying their scientific bilingualsm. In particular, it shows how an early knowledge of French, acquired in their home countries, allowed them to integrate French academic circles. The article retraces the itineraries of language learning of these Arab intellectuals, by taking into consideration both the broad historical context (the influence of French culture during colonial times) and a sociological approach pointing to the fact that, depending on the country, Francophony has concerned different social groups. Our analysis, however, aims to go further than the notion of “linguistic colonialism”. Where languages are concerned, the same situation of domination can be diversely interpreted, and frequently yield more complex reasons than what the simple dominant/dominated grid leads one to suppose. Calling upon different terrains, both temporal and spatial, allows us to perceive how varied the uses of a “foreign language” – French – by such intellectuals can be: Maghrebi intellectuals raised during the colonial period, though historically more subject to colonial domination, may have developed a more critical relationship to French than those born after decolonization. Similarly, Middle Eastern intellectuals' relationship to French must be seen with an eye to their specific position in society and to the specific relationship to Arabic it induces. This article thus offers a political approach to the linguistic factor, by insisting more particularly on the uses certain Arab intellectuals in France have made of their languages, thus showing how a language, received in a historical situation of domination, can nevertheless be invested by a meaning that is not reducible to that circumstance.
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À l'inverse des études littéraires, la sociologie s’est jusqu’ici peu penchée sur les intellectuels ayant adopté une langue de travail différente de leur langue maternelle. En s’appuyant sur le cas d’intellectuels maghrébins et moyen-orientaux travaillant en français à Paris, cet article cherche à mettre en lumière les conditions socio-historiques à la base de ces phénomènes de bilinguisme scientifique. Il montre en particulier comment une connaissance précoce du français, acquise dès le pays d’origine des intellectuels, a permis à ces derniers de s’insérer dans les réseaux académiques français. L’article retrace les trajectoires d’apprentissage linguistique d'intellectuels arabes en les articulant à la fois à un cadre historique large (celui de l’influence culturelle française qui se développe avec les colonisations) et à un schéma sociologique qui montre comment, selon les pays, la francophonie a été l’apanage de groupes sociaux différents. À travers ces analyses, on cherche cependant à aller plus loin que la thèse du « colonialisme linguistique ». L’article montre en effet qu’une même situation de domination peut avoir, au niveau des langues, des retraductions différentes et, souvent, plus complexes qu’un simple schéma langue dominante/dominée ne le laisse penser. Le recours à des terrains différents, autant dans l’espace que dans le temps, permet d’apercevoir combien l’usage que des intellectuels font d’une langue « étrangère », le français, a pu varier : des intellectuels maghrébins élevés pendant la colonisation, bien qu’historiquement plus soumis à la domination coloniale, ont pu développer un rapport plus critique au français que ceux nés après les décolonisations. De la même façon, le rapport au français des intellectuels du Moyen-Orient doit être compris par rapport à la position sociale particulière que ces derniers occupent, et aux rapports particuliers qu’elle détermine à l’arabe. L’article propose donc d’affiner une approche politique du facteur linguistique en s’intéressant plus précisément aux usages que les intellectuels font des langues, montrant ainsi comment une langue, reçue dans une situation historique de domination, peut néanmoins être investie d’un sens qui ne lui est pas réductible.

Arab intellectuals in France: the birth of an erudite bilingualism Contrary to what takes place in literary studies, sociology has up to now shown little interest in intellectuals who adopt a working language different from their own mother tongues. The case of intellectuals from North Africa and the Middle East working in French in Paris is the subject of this article, which seeks to cast some light on the socio-historical conditions underlying their scientific bilingualsm. In particular, it shows how an early knowledge of French, acquired in their home countries, allowed them to integrate French academic circles. The article retraces the itineraries of language learning of these Arab intellectuals, by taking into consideration both the broad historical context (the influence of French culture during colonial times) and a sociological approach pointing to the fact that, depending on the country, Francophony has concerned different social groups. Our analysis, however, aims to go further than the notion of “linguistic colonialism”. Where languages are concerned, the same situation of domination can be diversely interpreted, and frequently yield more complex reasons than what the simple dominant/dominated grid leads one to suppose. Calling upon different terrains, both temporal and spatial, allows us to perceive how varied the uses of a “foreign language” – French – by such intellectuals can be: Maghrebi intellectuals raised during the colonial period, though historically more subject to colonial domination, may have developed a more critical relationship to French than those born after decolonization. Similarly, Middle Eastern intellectuals' relationship to French must be seen with an eye to their specific position in society and to the specific relationship to Arabic it induces. This article thus offers a political approach to the linguistic factor, by insisting more particularly on the uses certain Arab intellectuals in France have made of their languages, thus showing how a language, received in a historical situation of domination, can nevertheless be invested by a meaning that is not reducible to that circumstance.

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