Valeur et monnaie comme puissance sociale
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Mainstream economics has undergone a profound transformation over the past two decades, aiming to place experimentation at the core of its approach. Its guiding principle is “facts first.” In its name, the hypothesis of homo economicus is criticised as overly unrealistic. Our perspective, however, is different. We believe that the true limitation of economic analysis lies in its failure to account for those collective forces that arise when individuals come together as a social body. From the prevailing individualistic standpoint, collectivity is either nothing more than the aggregation of individual decisions or appears as a pre-established rule of engagement. It is never grasped as a distinct entity, in its own coherence, movement, or as a force exerting authority over the group. Drawing inspiration from various researchers, this article seeks to demonstrate that this challenge is not insurmountable. Whether it be the unison of the group (Durkheim), shared affect (Spinoza), or mimetic polarisation (Girard), an identical fundamental mechanism is suggested to explain the authority of communal bonds. This led us to focus more specifically on the question of economic value, as from this new perspective, it may be understood as a collective force —a purchasing power grounded in the shared reverence that currency inspires. Economists would do well to consider integrating their reflections within this conceptual framework.
L’économie mainstream connaît depuis une vingtaine d’années une mutation de grande ampleur qui vise à installer l’expérimentation au cœur de ses préoccupations. Son mot d’ordre est « priorité aux faits ». C’est en son nom qu’est critiquée l’hypothèse de l’homo œconomicus jugée par trop irréaliste. Notre analyse est tout autre. À nos yeux, ce qui limite l’analyse économique est son incapacité à prendre en compte ces forces collectives qui naissent du regroupement des individus en corps social. En effet, dans la perspective individualiste qui est majoritairement la sienne, le collectif, soit n’est rien d’autre que l’agrégation des décisions individuelles, soit prend la forme d’une règle du jeu supposée déjà là. Il n’est jamais appréhendé en tant que tel, dans sa consistance propre, dans son mouvement, en tant que puissance s’imposant au groupe. En nous inspirant de divers auteurs, cet article cherche à montrer que la tâche n’était pas insurmontable. Qu’il s’agisse de l’unisson du groupe (Durkheim), de l’affect commun (Spinoza) ou de la polarisation mimétique (Girard), c’est un même mécanisme élémentaire qui est proposé pour comprendre ce qu’il en est de l’autorité des liens communautaires. C’est alors la question de la valeur économique qui a plus spécifiquement retenu notre attention car dans cette nouvelle perspective, elle s’analyse comme une force collective, le pouvoir d’acheter, trouvant son fondement dans la vénération collective que suscite la monnaie. Les économistes auraient beaucoup à gagner à inscrire leurs réflexions dans ce cadre conceptuel.
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