Délire et vision bi-oculaire
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L’état délirant est le résultat d’une disjonction grave au sein de la psyché dont l’issue n’est pas aisée à prévoir. L’étude d’un mode de disjonction spécifique peut nous aider à comprendre la nature et le caractère radical du délire. L’auteur de cet article présente le traitement d’un patient psychotique qui, en dépit de nombreuses années d’analyse et des progrès accomplis dans sa vie, a continué de manifester des épisodes délirants bien qu’ils soient délimités et contenus. Chez ce patient, les deux formes de vision, l’une d’ordre délirant et l’autre d’ordre réel, demeurent distinctes et différenciées l’une de l’autre, car elles partagent toutes deux le même caractère perceptif, à savoir celui de la réalité. Ce patient a une vision bi-oculaire de la réalité et non pas une vision binoculaire, car sa vision manque d’intégration, ce qui aurait été forcément le cas si ces deux formes de visions avaient pu être comparées l’une avec l’autre. Le principe de non-contradiction cesse de s’appliquer dans le délire. L’un des corollaires de l’échec du principe de non-contradiction est que, si une affirmation et sa négation sont vraies l’une et l’autre, alors toute affirmation est vraie. Les logiciens qualifient cette conséquence de principe d’explosion. C’est pour cette raison que toute distinction entre vérité, réalité, improbabilité, probabilité, possibilité et impossibilité, est perdue dans le système délirant, entraînant dans son sillage un mécanisme omnipotent et explosif au potentiel de progression infini. L’auteur de cet article présente ses réflexions sur les possibilités d’une transformation par la psychanalyse de l’expérience délirante.
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