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RésuméEn 2010, la façon dont les enfants sont conçus et viennent à naître donne lieu à une mobilisation des technologies biomédicales et à une médicalisation des naissances qui sont sans précédent. Ceci mène à des situations inédites qui bouleversent nos représentations des figures du père, de la mère, du rapport masculin/féminin et des liens générationnels. À quel lent et coûteux travail d’élaboration psychique les nouveaux parents, leurs nourrissons et les équipes sont-ils dès lors confrontés ? Quelles trouvailles et inventions expérimentent-ils ? Comment cela affecte-t-il leur façon de penser le bébé et de nouer avec lui les premiers liens ? Après avoir présenté ce nouveau berceau culturel de la « fabrique » des bébés, l’auteur examine, à partir de vignettes cliniques, les embarras de pensée et les embarras de parole que la médicalisation de l’enfantement génère, ainsi que les projets législatifs qui y sont mis en chantier. Touchant de ce fait à la mise en forme de l’existence, de l’identité, des relations, mais aussi aux dispositifs langagiers et juridiques qui organisent la filiation, cette mutation technique semble aujourd’hui susceptible d’affecter la condition humaine et de modifier la façon dont les générations ultérieures se trouvent instituées par nos soins. L’article propose de se pencher sur ces questions à partir des observations engrangées par des psys qui se sont invités sur ces territoires. Forts de leurs rencontres avec les familles et les équipes médicales, ceux-ci peuvent témoigner de la façon dont est prise en compte, dans les établissements hospitaliers, la dimension humaine de l’engendrement et pas seulement ses aspects « techniques ». On pourra s’interroger sur la pertinence ou non de la participation des psys à cet univers médical, et sur les dérives normatives dont ils risqueraient alors de se faire l’instrument. Toute la question de la demande qui leur est faite dans ce champ particulier de l’assistance médicale à l’enfantement se trouve alors à reconsidérer.