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RésuméL’étude de l’évolution des savoirs sur la petite enfance montre ses liens avec, d’une part, les conceptions de la parentalité, d’autre part, les changements techniques, socio-politiques, idéologiques et l’évolution des mœurs. Depuis la Seconde Guerre mondiale, plusieurs ruptures épistémologiques, politiques ou sociales scandent cette évolution. L’apparition de la théorie de l’hospitalisme et de la carence affective, liée aux dégâts provoqués par le placement en institutions des bébés privés de leurs parents, marque l’irruption de la psychanalyse dans la pédiatrie par le biais de la pédopsychiatrie. Désormais, l’importance de la dimension affective chez le bébé ne pourra plus être méconnue. Mais cette importance est articulée à une surévaluation du rapport mère-enfant, qui sert aussi bien à délégitimer l’accueil collectif qu’à marginaliser les pères. Il faudra attendre la fin des années 60 et les mouvements de constestation pour que commence à être remise en question cette excessive prévalence maternelle et soient requalifiés aussi bien l’accueil collectif et la présence des autres enfants, que la compétence paternelle. Celle-ci s’affirme à partir des années 80 autant à travers les écrits des cliniciens que des psychologues du développement. C’est alors que les procréations médicalement assistées provoquent un nouveau bouleversement et amènent à réinterroger la problématique de la filiation. Au terme de cette évolution, l’image de l’enfant qui se trouve portée par les savoirs et vulgarisée par les médias est celle d’un enfant sujet, épanoui, performant et vulnérable, qui interpelle la société quant à la conception de la personne qu’elle sous-tend.

The study or the evolution of knowledge on infancy displays links with, on the one hand, the conceptions of parenthood and, on the other hand, the technical, social, political and ideological changes as well as the changing standards of moral behaviour. Since the Second World War, several abrupt changes, be it epistemological political or social have punctuated this evolution. The emergence of the theory of hospitalism and of emotional deprivation, due to the damage caused by placing babies deprived of their parents in special institutions, marks the appearance of psychoanalysis into paediatrics through paedopsychiatry. From now on, it will become impossible to ignore the importance of the affective dimension for the baby. But this importance creates an overestimation concerning the relationship between mother and child, which is used to delegitimize collective child care as well as to marginalize the fathers. Il wasn’t until the late 60s and the protest movements that this excessive maternal pre-eminence was gradually called into question and that collective child care and the presence of other chidren along with paternal competence was brought back into favour. The latter asserts itself, from the 80s onwards, through both clinicians’ and development psychologists’ publications. And this is precisely when artificial insemination brings aboud deep changes and leads us to question the problem of filiation again. At the end of this evolution, the picture of the child which is based on social research and popularised by the media is that of a totally fulfilled, successful child who is decisive and vulnerable. This picture questions our society as to the conception of the person it underlies.