Proust et Bergson : La mémoire du corps
Type de matériel :
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Cet article réévalue les théories de Bergson et de Proust concernant la mémoire. Il vise à montrer que si tous deux partent d’un constat de départ similaire sur la nature et le fonctionnement des deux mémoires (mémoire spontanée et mémoire de l’habitude), ils arrivent à des conclusions différentes. Ils ont tous les deux proposé une approche qui ne vise plus à la pleine possession intellectuelle de l’expérience moyennant sa soumission à l’essence ; ils ont montré qu’il y a un perpétuel va et vient de l’irréfléchi au réfléchi, et du réfléchi à l’irréfléchi et que la mémoire arrive à déployer ses opérations dans un espace problématique intermédiaire, propre à cette tension. Tous deux ont placé le corps au cœur de cette réflexion. C’est en relisant ces deux auteurs à la lumière de la phénoménologie que cet article expose comment la mémoire équivaut chez Proust à une ontologie de la Présence alors que chez Bergson, elle reste une théorie psychologique.
Proust and Bergson : memory of the body, RLC LXXXV, no. 2, april-june 2011, p. 133-149. This article re-appraises Bergson and Proust’s theories about memory. Its aim is to show that from a similar starting point about the two memories (spontaneous/ habitual), they reach different conclusions. They have both offered an approach which is not aiming at a full, intellectual possession of experience, submitted to essences ; they both showed that there is a constant exchange between the world of reflection and the pre-reflexive world and that memory functions within this intermediary zone of tension. Both of them placed the body at the heart of their reflection. Re-reading both these authors in the light of Phenomenology, this article shows how memory for Proust amounts to an Ontology of Presence whereas it remains ultimately a psychological theory for Bergson.
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